mercredi 30 avril 2014

Là, c'est le jour où le voyage retour nous a paru interminable mais sans doute moins qu'il n'a semblé l'être au stewart qui souriait encore en nous disant au revoir après avoir

 contrôlé le passeport de chaque passager
 installé gentiment le groupe senior aux tables de la cafétéria
 secondé le serveur dans le bon déroulement du repas
débouché les bouteilles de vin
débouché les bouteilles de soda
débouché les bouteilles d'eau
 enclenché le programme dans la salle télé
 fermé la porte de communication sans jamais s'impatienter chaque fois qu'un passager omettait de le faire
 changé la chaîne quand le film s'est achevé
 branché le micro
 réglé le son et la lumière
 enfilé une cravate
 énuméré tous les numéros du bingo
 orienté tous les passagers 
qui cherchaient les toilettes
 qui cherchaient l'accès au pont
 qui cherchaient leur enfant
 qui cherchaient le distributeur de café
 félicité le gagnant du bingo
 fait applaudir la salle
 annoncé l'arrivée prochaine
 demandé que chacun regroupe ses affaires
 fait former une file pour la récupération des bagages
 indiqué la porte qui s'ouvrirait quand le bateau serait à quai
 demandé aux jeunes sportives de ne pas s'impatienter bruyamment
 aidé à l'installation de la passerelle


mardi 29 avril 2014

Tuesday self portrait

Rilke sur Cézanne : "Il fit son propre portrait sans expliquer son expression ou sans montrer aucune supériorité, avec la foi et la participation objectivement désintéressées d'un chien qui se voit dans un miroir et pense : "Là aussi il y a un chien". 
Emmelene Landon. Portrait(s) de George

lundi 28 avril 2014

20:38

Le pont est de ces lieux que l'on pourrait croire directement issu du cerveau d'un architecte malade.
Garni de gradins, il permet de traverser la voie ferrée et est non seulement voisin de l'autoroute mais également d'immeubles dont, tous, mériteraient de voir leur façade ravalée.
Et puis, quand on s'aperçoit qu'il permet d'être assis confortablement dans l'axe du soleil couchant, on aimerait savoir qui féliciter de sa conception.

dimanche 27 avril 2014

You never wash up after yourself


Penché sur la vaisselle qu'il lavait : Et tu es sur l'île depuis quand déjà ?
Septembre, j'ai dit, souriant en dedans à l'idée que ce que leur visite nous faisait vivre nous était inédit jusque là :  être ensemble, toi et moi, à manger, à parler avec d'autres gens.

samedi 26 avril 2014

Une enquête sentimentale

Votre nom vous a-t-il attiré des moqueries pendant votre jeunesse ?
Avez-vous déjà gagné une somme d'argent importante à un jeu de hasard ?
Avez-vous déjà aimé sans retour ?
Vous arrive-t-il d'être incommodé par le parfum que porte une personne à côté de vous ?
Pensez-vous 
parfois 
jamais
souvent
que votre vie ressemble à un film ?
Y a-t-il une mode vestimentaire ou capillaire que vous regrettez d'avoir suivie ?
Faites-vous régulièrement connaissance de nouvelles personnes ?
La vie politique de votre pays vous intéresse-t-elle ?
Etes-vous sujet au mal de mer ?
Enfant, grimpiez-vous dans les arbres ?
ICI, une petite foule sentimentale

vendredi 25 avril 2014

Le cabinet des rêves 172


E. et N. rentrent de vacances. 
N. a le visage constellé de taches de rousseur mais aussi les pommettes plus largement tachées, comme par un masque de grossesse. 
Elle semble sur le point de fondre en larmes, être dans un état d'intense émotion. 
Je lui prends les épaules et lui demande si elle est enceinte. 
Non ! 
Elle a l'air d'aller mieux, de pouvoir prendre sur elle, elle sourit. 

Rêve du 21 avril 2014

jeudi 24 avril 2014

Chroniques casanières

avoir les clefs sur nous
n'a pas fait de nous des propriétaires
mais pendant une nuit c'était chez nous

mercredi 23 avril 2014

Là, c'est le jour où, 

-mais ça aurait pu aussi être un autre : un jour à Palma que j'avais appelé Girouette, à voir passer de l'autre côté de la vitrine où je prenais mon café, autant de femmes en bottes et collants que d'autres en nu-pieds et jupes courtes- c'est le jour où, donc, descendant la route de Barcares en frissonnant dans le vent, j'avais, en voyant le couple marchant devant moi -lui : bermuda, chaussures tenues à la main, polo, elle : mini-short, tongs, débardeur- fait le compte des épaisseurs qui me couvraient -débardeur, tee-shirt à manches courtes, tee-shirt à manches longues, pull- c'est le jour où, donc,
j'ai pensé que nous n'avions pas tous la même manière d'être humains. 

mardi 22 avril 2014

Tuesday self portrait

En plus de tout ça et d'une manière ou d'une autre, Marie apprit des choses sur le verre, le désir, le vaudou, la paix, les loteries, les bibliothèques, les labyrinthes, la vengeance, les fruits, les rois, le rire, le désespoir, les tambours, la différence, les châteaux, le retour d'âge, les procès, l'Amérique, l'enfance, le ciment, l'essence, les baleines, les tourbillons, la gomme, l'oubli, les oncles, le contrôle, l'automne, la musique, l'inimitié, le temps. 
Martin Amis. D'autres gens

lundi 21 avril 2014

08:01

Quittant la chambre aux heures débutantes le samedi, allais-je trouver la ville comme, lors de son coma de l'après-midi, elle nous était apparue la veille : vidée de vie sans être morte ?
Mais non :
Mozart derrière un carreau et le balai tranquille de l'employée municipale et la conversation des habitués de la place de l'agneau et celle de la coiffeuse avec sa première cliente et...
Mais je tournai à droite et en terrasse immobile j'assistai au ballet. 

légumes fruits fromages pâtisseries charcuteries
 tout autour des poissons 

Cette chorégraphie propre aux marchés qui m'a toujours fait me lever, contre laquelle, alors que je n'étais déjà qu'une toute petite Gwendoline, je n'aurais échangé aucune minute supplémentaire de lit.

dimanche 20 avril 2014

respiro el aire que respiras, tú

Quand j'ai eu éteint le micro, tu m'as raconté pourquoi tu avais roulé sans autre volonté que de le faire le plus longtemps possible et que, si tu n'avais pas habité une île : le plus loin possible alors que là, bien sûr, il y avait la mer. 
Le samedi, c'est parfois par surprise que je découvre ta vie sentimentale. 

samedi 19 avril 2014

Une enquête sentimentale

A l'approche d'un événement désagréable, souhaiteriez-vous que le temps passe 
plus vite 
ou
 plus lentement ?
Etes-vous capable de vous souvenir des vêtements que portaient les gens que vous avez rencontrés dans la journée ?
Finissez-vous toujours les livres que vous avez commencé à lire ?
Quelle est, pour vous, l'image de la sérénité ?
Vous est-il arrivé de conduire une voiture pendant des heures sans destination précise ?
Qu'est-ce qui vous fait vous sentir beau ?
Aimez-vous votre voix ?
A-t-on déjà lu votre correspondance ou votre journal intime sans votre consentement ?
La vue du sang vous effraie-t-elle ?
Internet a-t-il déjà joué un rôle décisif dans votre vie ?

 ICI, une petite foule sentimentale

vendredi 18 avril 2014

Le cabinet des rêves 171

Ce qui s'accomplit avec nous en rêve est une façon nouvelle et inouïe d'apercevoir qui s'arrache au giron de l'habitude. Expériences vécues du quotidien, formules rebattues, le dépôt qui nous est resté dans le regard, la pulsation de notre propre sang -ce qui passait inaperçu auparavant fait- en la déformant et en lui donnant la plus grande netteté- la matière des rêves.
Walter Benjamin. Images de pensée
Je suis avec mes parents en voiture. 
Ma mère m'explique que je vais devoir aller en forêt avec mon père, couper du bois. 
Cela me rend aussi furieuse que lorsque je devais le faire adolescente. 
Mon père, quant à lui, me pose des questions à propos de la signalisation sur l'île : 
Où est situé le panneau indiquant la direction de Pollensa ?
Je lui réponds, à lui, sans acrimonie. 

Rêve du 4 avril 2014

jeudi 17 avril 2014

Chroniques casanières

un jasmin
le jardin
parfumé
au thé

mercredi 16 avril 2014

Là, c'est la nuit où, en l'entendant tirer la chasse d'eau,

j'ai pensé que le voisin allait peut-être mettre autant de temps que moi à se rendormir. 

mardi 15 avril 2014

Tuesday self portrait


Lorsque nous sommes impressionnés et bouleversés par une histoire, celle-ci engendre quelque chose qui devient, ou peut devenir, une part essentielle de nous-même, et cette part, qu'elle soit petite ou grande est, en quelque sorte, le descendant de l'histoire ou sa progéniture. 
Ce que je m'efforce de définir est plus idiosyncratique et original qu'un simple héritage culturel; c'est comme si le sang de l'histoire lue se mêlait au sang de l'histoire de notre vie, cela contribue au devenir de ce que nous devenons et continuerons de devenir. 
Dépourvues des complications et conflits inhérents aux liens familiaux, ces histoires qui nous façonnent sont nos ancêtres fortuits. Quelqu'un dans cette banlieue de Paris, lisant peut-être ce soir Les Frères Karamazov dans son fauteuil, est déjà, en ce sens, un lointain, lointain cousin. 
John Berger. Le carnet de Bento

lundi 14 avril 2014

"et qu'est-ce qui vous manque le plus ?"

J'ai toujours l'impression de les surprendre mais pas seulement : souvent aussi de les décevoir. 
Toujours l'incrédulité teinte leurs yeux bridés. 
A quoi s'attendent-ils donc, en me posant la question ? 
Car, bien sûr, les pique-niques avec vue sur le Mont Fuji me manquent, les traversées nocturnes des cimetières fleuris, les heures de lecture sur les toits des grands magasins, les autres passées dans les parcs et celles dans les trains. Le goût du matcha, celui des sobas et des motchis me manque. Les lotus, les cafets de rien, les étoiles au-dessus des ruelles et les glaces à minuit me manquent. Mais plus que tout et que rien -rien ni même la mer-, jamais, ne remplacera : la foule. La foule de Tokyo qui me consolait de tout y compris d'être moi, oui elle me manque.

dimanche 13 avril 2014

The wall

Puis tu posas les livres que tu avais lus sur l'étagère. 
Et ce fut la fin de l'hiver. 

samedi 12 avril 2014

Une enquête sentimentale

Dans quelles circonstances aimez-vous particulièrement écouter de la musique ?
Réussissez-vous à entretenir des amitiés à distance ? 
Faites-vous du vendredi un soir différent des autres ?
Vous êtes-vous déjà rendu à un meeting politique ?
Quand vous vous habillez, hésitez-vous 
un peu 
beaucoup
pas du tout
dans le choix de vos vêtements ?
Vous reconnaissez-vous 
souvent
toujours
jamais 
dans les statistiques ?
Ecrivez-vous systématiquement ou occasionnellement au stylo plume ?
Vous arrive-t-il de sortir d'une salle de cinéma avant la fin d'un film ?
Entendez-vous les cloches d'une église de chez vous ?
Avez-vous déjà vu un spectacle dont les acteurs se sont fait siffler ?
 ICI, une petite foule sentimentale

vendredi 11 avril 2014

Le cabinet des rêves 170

C'est Noël et O. et S. nous ont rendu visite. 
S. en mon absence mais, quand je rentre, M. ne décolère pas. 
Sans qu'il m'explique précisément ce dont il s'agit, je comprends qu'il nous a senti insultés par le cadeau que S. a apporté. 
O. est encore là, gêné. 
Nous partons, lui et moi, faire des courses, je tente de le mettre à l'aise et, comme il a apporté un gâteau (d'apparence très sec), je lui demande quelle farine il a utilisée. 
De la blanche. Il a l'air de vouloir s'en faire excuser. J'insiste pour qu'il cesse de se sentir mal. 
Et pour le pain ?
Il dit qu'il en achète de la bise, la moins chère parce qu'il fait des quantités de pains délirantes : il en fait dès qu'il a froid. 
Ce qu'il a grillé pendant l'hiver se compte en tonnes. Il en parle comme s'il s'agissait de bois de chauffage. 

Quand je reviens à nouveau, S. est là. 
M., de mauvaise humeur, lui parle à peine. 
S. demande Mais alors, qu'est-ce qu'on va faire ? Arrêter tout ?
M. répond Rien ! 

Quand S. n'est plus là, je vois enfin son cadeau. Il s'agit d'un écritoire fabriqué avec des cagettes et peint en jaune pâle. 
La ficelle qui l'entoure n'est même pas défaite : M. ne l'a pas ouvert parce que C'est comme si, avant lui, on ne savait pas écrire !
Je comprends qu'il est vexé par le cadeau, surtout par rapport à moi, parce que S. a tellement peu cherché à me connaître qu'il a offert quelque chose de parfaitement inadapté. 
J'ouvre l'écritoire. S. y a laissé une lettre. 
Elle comporte de nombreuses fautes d'orthographe, notamment à mon prénom qu'il a orthographié Guel
J'ai beau tenter de minimiser la colère de M., je pense que S. aurait pu, en effet, se renseigner un minimum sur moi. 

Rêve du 21 mars 2014

jeudi 10 avril 2014

Chroniques casanières

le peintre délaisse ses pinceaux
pour un rouleau
plutôt que colorer ses natures
mortes il blanchit les murs

mercredi 9 avril 2014

Là, c'est le jour où j'ai rêvé de


GianFranco et où j'ai pensé à mon inconscient comme à un enfant facétieux devant une malle de déguisements. 

mardi 8 avril 2014

Tuesday self portrait

Dans un entretien, Marguerite Duras s'énerve un peu : "L'autoportrait, je ne comprends pas ce que ça veut dire. Non, je ne comprends pas. Comment voulez-vous que je me décrive ? Vous savez, la connaissance, c'est une chose difficile, une chose qu'il faudrait revoir, la connaissance de quelqu'un. Qui êtes-vous, allez-y, répondez-moi, hein ?"
Nathalie Léger. Supplément à la vie de Barbara Loden

lundi 7 avril 2014

Supplément à la vie

Tôt j'ai été amoureuse si toutefois cela s'appelle ainsi : apprendre par coeur à force de le fixer le calendrier, espérer ainsi faire venir plus vite une date de retrouvailles mais ma carrière était brève encore et je n'étais pas aussi rétive que je le suis devenue plus tard à la littérature américaine quand ma mère me mit entre les mains un roman dont j'ai gardé en mémoire essentiellement la couverture aux couleurs criardes si prisées l'année de ma naissance et le fait que la maîtresse du héros portait la version courte de mon prénom.

Passons très vite : un jour, Eddy Anderson laisse brusquement tout tomber, il lâche sa carrière de publicitaire brillant, sa femme aimante et indulgente, sa luxueuse maison avec piscine. Il veut en finir avec le mensonge, avec l'arrangement agréablement fallacieux de sa vie, il veut trouver, dit-il, le sens de son existence. Mais il y a Gwen Hunt, sa maîtresse, une femme qui "avait tout... parfum, goût, toucher, pression, besoin, appétit dévorant, joie subtile, délicatesse de la main, une suite désespérée de sons et d'expressions si nues, évoquant le danger à venir -elle avait tout". Le livre raconte le chemin très tortueux qui mène le héros à lui-même en passant par cette femme. 
Nathalie Léger. Supplément à la vie de Barbara Loden 
Cette vision compliquée mais exigeante de la vie et de l'amour participa-t-elle à mon éducation sentimentale ?

Car, à cette époque-là, ne se dessinait qu'une constance de la petite succession de garçons qui avaient fait s'accélérer mon coeur : mon charme ne s'exerçait nullement auprès des premiers de la classe. Mais pour le reste ? Si je ne semblais manifester de grandes aptitudes dans le port de tailleurs, de talons hauts, de sautoirs en perles, de petites robes noires, que je ne me spécialisais ni dans les sourires énigmatiques ni dans les regards non moins fardés, que je n'aurais décroché aucun rôle dans les catégories : fatale, fragile ou dangereuse et que je ne me sentais nullement concernée par la féminité, si les scènes et les cris, les ruptures spectaculaires n'étaient pas dans mon registre comment savoir que je n'éprouverais aucune attirance, jamais, pour un voyou aux bras tatoués, pour un de ceux dont on attend le retour anxieusement : spéléologue, marin, braqueur de banque, que je ne quitterais pas tout pour suivre un aventurier qui n'en demanderait pas tant, que je ne succomberais pas à un célèbre acteur, un impitoyable avocat, un infatigable sportif, que je ne vivrais ni passion violente et destructrice, ni amours non réciproques ou adultères ou irrégulières ?
Il n'y a que dans les romans que tout est écrit. 

Je n'ai jamais vu le film d'Elia Kazan.  
Je ne verrai jamais peut-être celui de Barbara Loden. Je ne connaîtrai des scènes que ce que j'en ai lu, hier, au bord de la mer. 

Et soudain, au beau milieu de l'action, alors qu'il faut être rapide et impitoyable, alors que la peur et le risque, le risque de mourir, et la peur de l'irréparable règnent, tout s'arrête encore, on ne voit que leurs visages -le cigare arrogant (on sait ce qu'il en est) de Mr. Dennis en contre-jour, et elle, penchée sur lui, son visage lumineux, abandonné. Mr Dennis mâchonne un you did good à mi-voix, ils se regardent et doucement, dans l'impudeur de l'aparté, you are something, une onde de gratitude, la pulsation de l'assentiment vient battre entre leurs deux visages.
Nathalie Léger. Supplément à la vie de Barbara Loden.

dimanche 6 avril 2014

Love is in the air

il y a un an
tu sonnas à ma porte
et tout (re)commença

samedi 5 avril 2014

Une enquête sentimentale

Qu'est-ce qui vous donne l'impression de voyager sans partir de chez vous ?
Etes-vous docile ou révolté ?
Avez-vous (encore) des choses à (vous) prouver ?
Etes-vous déjà monté sur un cheval ?
Et sur un chameau ?
Les dates anniversaires vous évoquent-elles davantage celles qui les ont précédées ou celles à venir ?
Etes-vous fidèle à votre coiffeur ou préférez-vous en changer ?
Appréciez-vous les nouveaux albums d'artistes que vous aimiez déjà plus jeune ?
Avez-vous des complexes ?
Connaissez-vous le prix d'une baguette de pain ?
Et celui d'un litre d'essence ?
Faites-vous 
souvent
jamais 
parfois 
des autoportraits ?
 ICI, une petite foule sentimentale

vendredi 4 avril 2014

Le cabinet des rêves 169

C'est la guerre. 
Parce que tout le monde y est et pas lui, M. culpabilise. 
Je lui dis qu'il n'a pas de raison de se sentir ainsi. 
Il répond que, en effet, il sait qu'il a un fils, qu'il en est responsable, qu'il s'en souvient d'autant plus l'hiver. 
Je pense Il y a moi, aussi
Car nous allons être séparés (il est sur le point de monter dans un train) et je suis inquiète. 

Rêve du 15 mars 2014

jeudi 3 avril 2014

Chroniques casanières

des voitures se garèrent
des voix résonnèrent 
derrière les murs mitoyens
il y a maintenant des voisins

mercredi 2 avril 2014

Là, c'est le jour où j'ai cru qu'il parlait de serpents, quand


l'écrivain voyageur  a raconté que, arrivé au sommet d'une montagne qu'il croyait vierge, il y avait trouvé deux pitons. 

mardi 1 avril 2014

Tuesday self portrait


Serais-je au comble de mon art ? Je vis et je ne fais que vivre, voilà une oeuvre. Enfin ce que je fus a fini par construire ce que je suis. Je n'ai plus aucune autre importance. Me voici le présent même. Ma personne épouse exactement ma présence, en échange parfait avec, quoi qu'il arrive. 
(...) Plénitude, accomplissement, je suis celui que je suis. Je suis au comble de mon art, à la période classique de l'art de vivre. Voilà mon oeuvre : vivre, n'est-ce pas tout ? Mais il faut le savoir. Il ne s'agit pas de se trouver sur ce haut plateau d'existence sans le savoir. Que d'aventures, de raison, de songes et de fautes pour gagner la liberté d'être ce que l'on est, rien que ce que l'on est. 
Paul Valéry. Mon Faust