mardi 26 juillet 2016

Tuesday self portrait

Il exagère, sans doute. Personne ne peut vivre sans exagérer un peu. S'il y a des périodes dans la vie de Julián, il faudrait les exprimer conformément à un indice d'exagération. Jusqu'à dix ans, il a exagéré très peu, presque pas. Mais à partir de dix et jusqu'à dix-sept ans, il s'est livré à l'imposture. Et depuis ses dix-huit ans, il s'est converti en expert des formes les plus diverses d'exagération. Depuis qu'il est avec Verónica, son exagération a diminué considérablement, malgré quelques rechutes. 
Il est professeur de littérature dans quatre universités de Santiago. Il aurait aimé s'en tenir à une spécialité mais la loi de l'offre et de la demande l'a obligé à être versatile : il donne des cours de littérature hispano-américaine mais aussi de poésie italienne, même s'il ne parle pas italien. Il a lu, avec attention, Ungaretti, Montale, Pavese, Pasolini et des poètes plus récents comme Patricia Cavalli et Valerio Magrelli, mais en aucun cas il n'est spécialiste en poésie italienne. Pour le reste, au Chili, ce n'est pas si grave de donner des cours de poésie italienne sans connaître l'italien parce que Santiago est plein de professeurs d'anglais qui ne savent pas l'anglais et de dentistes qui savent à peine extraire une dent -et de coachs personnels en surpoids et de professeurs de yoga qui ne réussiraient pas à faire cours sans une généreuse dose préalable d'anxiolytiques.  
Traduction libre d'un extrait* de La vida privada de los árboles (La vie privée des arbres) de Alejandro Zambra. 
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Exagera, sin duda. Nadie puede vivir sin exagerar un poco. Si es que hay periodos en la vida de Julián, habría que expresarlos de acuerdo con un índice de exageración. Hasta las diez años exageró muy poco, casi nada. Pero desde los diez hasta los diecisiete años se entregó a la impostura. Y desde los dieciocho en adelante se convirtió en un experto en las más diversas formas de exageración. Desde que está con Verónica la exageración ha venido disminuyendo considerablemente, a pesar de algunas recaídas. 
Es profesor de literatura en cuatro universidades de Santiago. Hubiera querido ceñirse a una especialidad, pero la ley de la oferta y la demanda lo ha obligado a ser versátil : hace clases de literatura hispanoamericana y hasta de poesía italiana, a pesar de que no habla italiano. Ha leído, con atención, a Ungaretti, a Montale, a Pavese, a Pasolini, y a poetas más recientes, como Patricia Cavalli y Valerio Magrelli, pero en ningún caso es un especialista en poesía italiana. Por lo demás, en Chili no est tan grave dar clases de poesía italiana si saber italiano, porque Santiago está lleno de profesores de inglés que no saben inglés, y de dentistas que apenas saben extraer una muela -y de personal trainers con sobrepeso, y de profesoras de yoga que no conseguirían hacer clases sin una generosa dosis previa de ansiolíticos. 

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