vendredi 31 janvier 2014

Le cabinet des rêves 160

J'ouvre le frigo et y prends de l'eau pour en boire un verre. 
Après en avoir avalé la dernière gorgée, je sens quelque chose remuer dans ma bouche. 
Je crache précipitamment ce qui s'avère être une espèce de petite limace. 
M. est debout à côté de moi. Il me regarde avec compassion. 

Rêve du 30 janvier 2014

jeudi 30 janvier 2014

Chroniques casanières

s'assurer sur le site el tiempo
 de la force du vent en plus de s'il fera beau
puis parier sur la durée
que mettra le linge à sécher

mercredi 29 janvier 2014

Bien avant

que les abeilles y fassent leur shopping, 
les amandiers sentent le miel. 

Essaims de fleurs, 
les arbres sont le reflet des nuages, 
dans les champs. 

mardi 28 janvier 2014

Tuesday self portrait

-Tu n'as pas d'enfants ? -me demanda-t-elle. Je fis non de la tête-. Les enfants procurent beaucoup de joie et tout ce que l'on en dit, mais ils font aussi beaucoup de peine, tout le temps, et je ne crois pas que cela puisse changer, pas même lorsqu'ils seront grands, ce que l'on dit moins. Tu vois leur perplexité face aux choses et cela fait de la peine. Tu vois leur bonne volonté, lorsqu'ils ont envie d'aider et d'y mettre du leur et qu'ils n'y arrivent pas, et cela te fait aussi de la peine. Leur sérieux t'en fait, leurs plaisanteries élémentaires et leurs mensonges transparents t'en font, leurs désillusions comme leurs illusions, leurs attentes et leurs petites déceptions, leur naïveté, leur incompréhension, leurs questions si logiques, et même leurs mauvaises intentions éventuelles. Tu en as en pensant à tout ce qui leur reste à apprendre, au si long chemin sur lequel ils s'engagent et que personne ne peut faire pour eux, même s'il y a des siècles que nous le faisons et que ne voyons pas la nécessité pour tout un chacun qui naît de devoir recommencer depuis le début. Quel sens cela peut-il avoir que chacun passe, plus ou moins, par les mêmes épreuves et les mêmes découvertes, éternellement ?
Javier Marias. Comme des amours.  

lundi 27 janvier 2014

16

Avant d'entreprendre le voyage, j'étais sûr qu'il me suffirait d'arriver en ce lieu pour laisser derrière moi comme on lâche du lest, une longe période de ma vie; désormais tout serait facile, lumineux, différent. Quand je m'imaginais sur ces terres, le seul point qui exigeait de moi quelque effort, c'était la description détaillée du paysage : combien de chemins y aurait-il, combien de maisons, quelle allure, et je me demandais si ces étendues désertiques auraient la forme de trapèzes arasés. Mais, en ce qui concerne le ciel, je n'avais pas le moindre doute. Tel un peintre naïf, j'y mettais toujours le soleil, symbole de ma nouvelle vie. Un soleil fragile, comme il se devait en hiver, mais malgré tout d'une intensité suffisante pour égayer mon âme de fougères et de mousse. 
Bernardo Atxaga. Obabakoak.
Nous avons quitté le ponton où j'avais enregistré ses réponses à mon enquête, nous nous sommes installés sur le canapé de l'hôtel de nos samedis et c'est là que, comptant le nombre de nos déménagements, nous nous sommes trouvé un nouveau point commun.

dimanche 26 janvier 2014

Hey ! Jealous lover

Je vois bien son manège. 
Ses airs de princesse et de suprématie. 
Sa démarche féline quand elle emprunte le couloir, ses efforts pour continuer à être gracieuse alors que tu lui as fait remarquer qu'elle avait grossi. 
Sa manière silencieuse d'affirmer : 
J'étais là avant, bien avant toi
Son regard sur toi : 
Je te comprends
Celui qu'elle me réserve : 
Je ne te comprends pas
Je sais qu'elle pleure à la porte pour que tu la fasses entrer et, une fois dans l'atelier, s'installe sur le canapé sans que rien ne puisse l'en déloger. 
Je sais que, si je n'y veillais pas, elle n'hésiterait pas à se glisser dans notre lit quand je viens de le quitter. 
Je la vois surveiller tes faits et gestes jusqu'à ce que tu t'allonges sur le canapé. 
Elle pense sans doute me prendre de vitesse. 
Mais, même quand elle se précipite pour se blottir entre tes jambes, 
non
je ne suis pas jalouse. 

samedi 25 janvier 2014

Une enquête sentimentale

Vous est-il déjà arrivé de manger un animal dont vous étiez familier ?
Estimez-vous avoir trouvé votre style vestimentaire ?
Vous arrive-t-il de doubler les gens qui vous précèdent dans une file d'attente ?
Combien de fois avez-vous déménagé dans votre vie ?
Vous demande-t-on souvent quelles sont vos origines ?
Avez-vous déjà secouru quelqu'un ?
Accordez-vous de l'importance à la couleur de vos draps ?
Pensez-vous que vous êtes facile à vivre ?
Connaissez-vous toutes les tables de multiplication ?
Vous a-t-on raconté comment s'était passée votre naissance ?

Si vous aimez les enquêtes sentimentales, vous pouvez en écouter ICI 
(c'est le début du catalogue)

vendredi 24 janvier 2014

Le cabinet des rêves 159

Je participe à la préparation d'une grande soirée. 
Une jeune femme gonfle des ballons longtemps à l'avance. 
Je lui fais remarquer qu'avec le vent, ils risquent d'être nombreux à éclater. 
Elle répond que ce n'est pas grave, qu'on les regonflera. 
Je pense Quel gaspillage ! (de temps autant que d'argent)
Quant à moi, je répartis des biscuits apéritif sur des assiettes à la cuisine. 
Même si peu de monde est arrivé, je commence à les disposer sur les tables dans la salle où se déroule la fête. 
Il y a des tables basses et des tables hautes. Je ne pose les assiettes que sur les hautes en prévenant les invités d'une voix forte, même si je pense que c'est un peu prématuré de le faire puisque ceux qui ne sont pas encore là ne le sauront pas : 
Attention au gros chien jaune qui risque de tout manger ! 
A ce moment-là, Otto entre dans la cuisine en se faufilant par-dessous la porte. 
Il n'est plus un gros chien jaune mais un petit vert et je pense que, s'il sait entrer dans la cuisine, je ne vais pas pouvoir l'empêcher de chaparder. 

Rêve du 23 janvier 2014


jeudi 23 janvier 2014

Chroniques casanières

le petit chien
court après tout court après rien
 abandonne tout abandonne ça 
dès que son maître joue de l'harmonica

mercredi 22 janvier 2014

Un jour transsibérien

, un jour à regarder les nuages passer par la fenêtre, un jour à lire un livre en entier*, un jour à se resservir du thé, un jour à ne pas travailler, un jour à tout remettre au lendemain, c'était un lundi loin du soleil.
*Le problème qui avait dû se poser devait être celui du temps qu'il y avait à vivre. Cela sans en enlever un seul jour, une seule heure, un seul lieu, une seule phrase. 
Marguerite Duras. Emily L.

mardi 21 janvier 2014

Tuesday self portrait


Dans un village plein de vieux et qui atteint à peine deux cents habitants, l'inconnu qui arrive de l'extérieur avec l'intention de s'y installer devient sur-le-champ la grande nouveauté.
(...) Les choses étant ainsi, l'inconnu n'aura plus qu'à se multiplier. Il devra parler à tout le monde, accepter toute invitation à descendre au cellier boire un coup d'où qu'elle vienne. Cette besogne -passer ses journées à courir d'un côté à l'autre- lui semblera bien fatigante, mais il s'en acquittera toutefois dans la bonne humeur; lui aussi est étonné d'un accueil si affable; lui aussi éprouve de la curiosité envers ces paysans et ces bergers qui brusquement, du jour au lendemain, ont fait partie intégrante de sa vie. Puis il sait que sa situation changera au bout de quelques jours et que, lorsqu'il aura cessé d'être une nouveauté, il deviendra un habitant comme les autres du village. Et c'est l'espoir d'une vie sans complication qui le réjouit aussi. Deux ou trois amis, un dîner de temps à autre, se promener, lire : tout ce dont il a besoin pour vivre à sa guise.
Bernardo Atxaga. Obabakoak.


lundi 20 janvier 2014

une cartographie privée

Avant, 3000
maintenant, c'est 10000 pas qui m'éloignent, me ramènent chez moi
après que j'ai plongé mes yeux dans les vagues.

dimanche 19 janvier 2014

Friday I'm in love


Puis 

tu me tendis les branches odorantes
plus précieux cadeau encore
qu'un parfum cher et rare 
dont tu m'aurais déposé 
une goutte au creux du cou
ou des poignets.

samedi 18 janvier 2014

Une enquête sentimentale


Quelle est votre fleur préférée ?
Avez-vous déjà fait une déposition dans un commissariat ?
Aimez-vous assister à des spectacles de cirque ?
Vous arrive-t-il
 souvent 
parfois 
jamais 
d’être dans la rue à 3h du matin ?
Quel moyen de communication employez-vous le plus volontiers ?
Y a-t-il une chanson que vous écoutez souvent en ce moment ?
Laquelle ?
Dites-vous plus spontanément que vous êtes heureux, pas malheureux ou malheureux ?
Réfléchissez-vous généralement avant d'agir ou après ?
Connaissez-vous le nom des rues du lieu où vous habitez ?
Trouvez-vous que votre vie est monotone ?



Si vous aimez les enquêtes sentimentales, vous pouvez en écouter ICI 
(c'est le début du catalogue)

vendredi 17 janvier 2014

Le cabinet des rêves 158


Je me rends chez Leonardo Di Caprio pour le coiffer. 
Il insiste pour que je m'occupe également de sa mère qui, pourtant, n'en a pas besoin : elle s'est posé des rouleaux elle-même et sa mise-en-plis est en train de sécher. 
Elle se tient à l'écart dans une attitude que j'hésite à interpréter comme de la folie ou de la discrétion. 
Leonardo me raccompagne dehors. 
Au pied de son immeuble, il y a une immense piscine au fond de laquelle sont disposés des livres ouverts. 
Des gens plongent et s'installent sous l'eau pour lire. 
Je pense Moi, je ne le ferai pas ! De toute façon, je n'ai pas de maillot ! 

Rêve du 3 janvier 2014

jeudi 16 janvier 2014

Chroniques casanières

la veille souhaitée tout haut
trouvée dans la rue dès le lendemain
la table basse qui convient
à l'heure du thé au studio

mardi 14 janvier 2014

Tuesday self portrait

Devant l'entrée d'un passage, il se dit : l'événement unique, jamais encore raconté, c'est ici qu'il pourrait se dérouler. Devant un café, il vit une femme seule, inapprochable d'absence et pourtant elle devint une figure pour lui, une espèce de tabou attirant, de sorte qu'il pensa de nouveau : mais voilà, c'est ça, c'est toute son histoire -jamais je n'en saurais plus sur elle, qu'en cet instant-ci où je la vois assise là, toute seule. Avec avidité il observait ses propres pensées, toujours prêt à les retenir. Il ne voulait plus rien oublier et répéta dans sa tête les instants qui venaient de passer comme on répète les mots de vocabulaire d'une langue étrangère. 
Peter Handke. L'heure de la sensation vraie

lundi 13 janvier 2014

Le passé

Lorsque, à la fin d'un jour anémique dont je n'ai pas vu les heures car elles avaient toutes la même absence de couleur et un parfum de Toussaint, je me souviens d'ailleurs, d'avant où seule la tombée de la nuit me permettait d'oublier que le soleil ne s'était pas levé. 

dimanche 12 janvier 2014

Telling stories

Mais lui, je ne saurai pas le reconnaître, non, quand je croiserai son regard dans la rue, parce que ça arrivera bien tôt ou tard ou alors il sera au comptoir d'un bar, sur un tabouret haut, visage baissé sur le journal tandis que je lèverai le mien vers la serveuse pour lui commander un café ou bien il entrera juste avant moi à la banque et me tiendra la porte sans me regarder mais non, je ne saurai pas le reconnaître car je n'ai vu que ses bras et encore à peine et de loin mais assez pour constater qu'ils étaient nus un jour de pique-nique où je protégeais les miens du vent qui modérait la chaleur du soleil. 
Et pourtant je connais un peu son histoire, la sienne et celle d'autres pirates, d'autres pêcheurs, d'autres musiciens, celle de femmes au coeur tumultueux, de femmes fortes, de femmes mortes.
Nous les croisons ou tu les a croisés et tu me les racontes et c'est une sorte de biographie de l'île qui se compose, là. 
Nous les croisons et souvent je me demande comment ils te raconteraient, te racontent, eux, toi. 

samedi 11 janvier 2014

Une enquête sentimentale

Chez vous, prenez-vous vos repas toujours au même endroit ?
Qu'avez-vous fait dont vous vous seriez pourtant cru incapable ?
Avez-vous déjà écrit à quelqu'un pour lui signifier votre admiration ?
Exceptées les heures de sommeil, passez-vous davantage de temps dans votre logement ou en-dehors ?
Vos chaussures font-elles du bruit lorsque vous marchez ?
Lorsque vous utilisez un stylo, quelle en est la couleur de l'encre ?
Si vous en aviez la possibilité, aimeriez-vous voyager dans l'espace ?
Avez-vous déjà été obligé de vous présenter à nouveau à quelqu'un qui ne se souvenait pas vous avoir déjà rencontré ?
Préférez-vous vous lever ou vous coucher ?

Si vous aimez les enquêtes sentimentales, vous pouvez en écouter ICI 
(c'est le début du catalogue)



vendredi 10 janvier 2014

Le cabinet des rêves 157

Je ne sais pas pourquoi la mémoire des rêves est si différente de nos sens éveillés car je ne puis croire à ces explications justicières selon lesquelles affleurent dans les premiers, sous des déguisements divers, ce que les seconds rejettent. Il y a dans cette croyance un élément qui me paraît religieux à l'excès, une vague idée de réparation dans laquelle je ne peux faire moins que de retrouver la trace de choses telles que la hantise du mal, les oreilles qui ne veulent pas entendre, l'oppression des justes, la lutte des contraires, la vérité qui attend son heure et la notion qu'il existe une part de nous qui est en contact plus direct avec les divinités que ne l'est notre discernement. C'est pour cela que j'incline plutôt à croire que les ajournements obstinés du temps dans les rêves sont chose civilisée, des pauses conventionnelles de caractère dramatique, narratif ou rythmique comme la fin d'un chapitre, ou les entractes, comme la cigarette qu'on fume après déjeuner, les minutes qu'on passe à feuilleter le journal avant de se mettre au travail, le temps d'arrêt qui précède la lecture d'une lettre redoutée ou le dernier regard à la glace avant de sortir le soir. A moins qu'ils ne soient dus à l'incertitude car la vérité rêvée et le raisonnement rêvé n'arrivent pas toujours aussi résolument qu'ils en ont la réputation. 
Javier Marias. L'homme sentimental.
J'entre dans un lavomatic avec un gros sac de linge à laver. 
Je vois Otto, en train de dormir, recouvert partiellement d'une couverture sous laquelle il y a, manifestement, une personne allongée. 
Il s'agit d'un homme bien qu'il ressemble suffisamment à une femme pour que j'hésite un peu, quant à son sexe. 
Il s'extirpe de la couverture et, quand je le vois, je décide de ne pas laver la totalité de mon linge pour ne pas avoir à subir sa présence trop longtemps. 
Il me fait des compliments maladroits : il me dit qu'il n'a pas vu depuis longtemps une personne aussi "mimi" que moi. 
Il me demande aussi si je n'aurais pas vu des bouteilles de vin, me désignant l'endroit où elles étaient et où je ne vois qu'une provision de lait et de farine. 
Pour me donner plus d'assurance que je n'en éprouve en réalité, je flatte Otto qui saute joyeusement autour de moi, de manière à montrer à l'homme que je le connais et qu'il pourrait me protéger en cas d'agression.
Je dis Je pourrais être mariée depuis vingt ans et avoir trois enfants
Il me répond Sauf que ce n'est pas vrai

Rêve du 24 décembre 2013

jeudi 9 janvier 2014

Chroniques casanières


persister
à ne pas savoir faire le café
me permet
d'être toujours invitée

mercredi 8 janvier 2014

une table rase



Le récit (1) s'était clos sur une interrogation.
Et toi, Gwen, tu ne t'es jamais trahie ?
Comment pouvait-on m'en croire capable ? En croire quiconque capable même, car, quoi ? Ce n'était donc pas seulement dans les fictions qu'on pouvait bâtir sa vie entière sur un aussi mélodramatique chantage (3) ?


Plus tard je m'obstinai, je n'eus de cesse de dire
encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, 
Nulle répétition générale, pas de bout d'essai, vivons vite s'il te plait, nous serons morts après. 
Mais c'était parler devant un puits sans fond, jeter en pluie des graines de rien sur une terre infertile. Dire en vain.

Encore maintenant, c'est effacer les traces, jeter les mots, les photos, raser le passé qui me fait me demander
Mais comment ai-je pu ? Et comment si longtemps ?
avec l'impression que jamais je ne saurai répondre.(4)


(1) Ne prenez jamais pour une faveur que l'on vous dise Tu es la première personne à qui je raconte cela et fuyez, fuyez plutôt car en plus d'être la première, vous serez assurément la dernière, le dépositaire testamentaire malgré vous, le sarcophage, le complice involontaire d'un secret qui jamais ne tombera dans d'autres oreilles que les vôtres par la bouche (2) qui vous le livra. 

(2) par la vôtre, si. Car on ne vous fit jurer en rien le silence. Répété par vous, cependant, le drame devint anecdote de salon, illustration de conversation. 

(3) pompiers, service d'urgence, tralala.

(4) mais avec la bienheureuse certitude que c'est moi, vraiment moi à qui on dit Je t'aime, maintenant.

mardi 7 janvier 2014

Tuesday self portrait



Intuitivement, on s'imagine que ceux qui disparaissent le font par haine des apparences, que ceux qui se retirent du monde le font par mépris du monde. Mais ici tout est renversé et la jouissance de ne plus en être devient le symptôme d'un très profond amour du monde et des apparences. Sans doute est-ce une question de perspective : tant que vous séjournez auprès de vous-même comme auprès des besoins d'autrui et dans l'anticipation constante de ses regards et de ses attentes, vous ne savez plus le voir, ni l'entendre; en revanche, dès qu'il n'y a plus ni soi ni autre, la perspective s'élargit et le monde apparaît délicieusement multiple, décentré, lointain, parcouru de mille lignes de fuite qui s'échappent vers l'infini. 
Pierre Zaoui. La discrétion ou l'art de disparaître

lundi 6 janvier 2014

Les nourritures terrestres et quotidiennes

Une baguette de campagne + (au choix) : 

saumon fumé + tomate + citron
ou
moutarde + anchois + tomate + citron
ou 
tahin + carottes rapées + oeufs durs
ou 
moutarde + tofu mariné à la sauce soja et à l'huile d'olive + tomate
ou 
dos de thon à l'huile d'olive + tomate + citron
Le fond de la cuisine majorquine est invariablement le cochon sous toutes les formes et sous tous les aspects. C'est là qu'eût été de saison le dicton du petit savoyard faisant l'éloge de sa gargote et disant avec admiration qu'on y mange cinq sortes de viandes, à savoir : du cochon, du porc, du lard, du jambon et du salé. A Majorque, on fabrique, j'en suis sûr, plus de deux mille sortes de mets avec le porc, et moins de deux cents espèces de boudins, assaisonnés d'une telle profusion d'ail, de poivre, de piment et d'épices corrosives de tout genre, qu'on y risque la vie à chaque morceau. Vous voyez paraître sur la table vingt plats qui ressemblent à toutes sortes de mets chrétiens, ne vous y fiez pas cependant, ce sont des drogues infernales cuites par le diable en personne. Enfin vient au dessert une tarte en pâtisserie de fort bonne mine, avec des tranches de fruit qui ressemblent à des oranges sucrées, c'est une tourte de cochon à l'ail, avec des tranches de tomatigas, de pommes d'amour et de piment, le tout saupoudré de sel blanc que vous prendriez pour du sucre à son air d'innocence.
George Sand. Un hiver à Majorque.

dimanche 5 janvier 2014

Every day I write the book

"dans ma tête un cafard indescriptible. Souvenirs du stage où j'ai rencontré l'ami que j'attendais depuis si longtemps. Son image plantée dans mes yeux. Et son absence m'est insupportable. Et les lettres c'est insuffisant." Mercredi 10 avril 1985. 15H40

 J'ai ouvert mes cartons, j'ai ouvert mes journaux, reconnu celle qui parlait de toi sur tant de pages. 
(et dans mon journal brut (re)découvert le petit bus que j'avais dessiné dans la marge des jours de stage pour figurer celui dans le fond duquel nous avions passé toutes les heures que nous pouvions)
Si on n'en garde pas de traces, comment se souvenir des jours ?
Bien sûr, j'avais oublié te l'avoir dite, cette phrase qui t'est revenue si souvent (tu me l'as dit, récemment), avant même que me lire te devienne un rituel quotidien.
Depuis six mois que tu l'as commencé, on voit dans ton carnet l'ambiance de tes, de nos journées qui passent et qu'on n'oublie(ra) jamais. 

samedi 4 janvier 2014

Une enquête sentimentale

Refusez-vous parfois des cadeaux qu'on vous offre ?
Savez-vous associer un nom aux visages sur vos photos de classe ?
A quel âge vous êtes-vous senti mortel ?
Croyez-vous qu'il soit possible d'aimer toute sa vie une même personne ?
Eprouvez-vous plus souvent de la déception ou de la satisfaction après avoir vécu quelque chose que vous attendiez impatiemment ?
La nostalgie est-elle un sentiment qui vous est familier ?
Dit-on de vous que vous êtes singulier ?
Pensez-vous l'être ?
Combien de clefs avez-vous sur votre trousseau ?
Vous arrive-t-il
souvent
rarement
jamais
de faire une erreur en programmant votre machine à laver ?
Trouvez-vous un intérêt à chacune de vos journées ?
Si vous aimez les enquêtes sentimentales, vous pouvez en écouter ICI 
(c'est le début du catalogue)

vendredi 3 janvier 2014

Le cabinet des rêves 156

J'habite dans une chambre, en haut d'un escalier, dans une grande propriété (un château ? Je vois le propriétaire, au loin, qui revient avec son petit-fils qu'il est allé chercher à l'école). 
C'est un bel espace, un bel endroit, que j'ai bien aménagé : les gens de passage m'en font la réflexion. Mais il manque singulièrement d'intimité : il s'agit d'une mezzanine et il n'y a pas de porte si ce n'est celle de ma voisine qui doit passer par chez moi pour accéder à sa chambre.
Cela me pose problème. 
De même, j'ai du mal à supporter que cette même voisine se permette de venir regarder, dans le détail, mes affaires et en commente l'agencement ou l'usage que j'en fais. 
Je suis toutefois soulagée qu'elle voie un porte-clef qu'elle m'avait donné et auquel j'invente sur-le-champs une utilité alors qu'il n'en a aucune. 

Rêve du 28 décembre 2013

jeudi 2 janvier 2014

Chroniques casanières

dans cette maison
le gros chien jaune ne bondit
que quand on mange des fruits
pas du thon

mercredi 1 janvier 2014

Je vous souhaite

2014* 
joyeux
surprenants
inoubliables
 instants
*minimum