Mais lui, je ne saurai pas le reconnaître, non, quand je croiserai son regard dans la rue, parce que ça arrivera bien tôt ou tard ou alors il sera au comptoir d'un bar, sur un tabouret haut, visage baissé sur le journal tandis que je lèverai le mien vers la serveuse pour lui commander un café ou bien il entrera juste avant moi à la banque et me tiendra la porte sans me regarder mais non, je ne saurai pas le reconnaître car je n'ai vu que ses bras et encore à peine et de loin mais assez pour constater qu'ils étaient nus un jour de pique-nique où je protégeais les miens du vent qui modérait la chaleur du soleil.
Et pourtant je connais un peu son histoire, la sienne et celle d'autres pirates, d'autres pêcheurs, d'autres musiciens, celle de femmes au coeur tumultueux, de femmes fortes, de femmes mortes.
Nous les croisons ou tu les a croisés et tu me les racontes et c'est une sorte de biographie de l'île qui se compose, là.
Nous les croisons et souvent je me demande comment ils te raconteraient, te racontent, eux, toi.
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