samedi 31 mai 2014

Une enquête sentimentale

Faites-vous bon coeur contre mauvaise fortune ?
Aimeriez-vous pouvoir voler ?
Pensez-vous être davantage prévisible ou imprévisible ? 
Y a-t-il une période de votre vie que vous aimeriez revivre ?
Avez-vous réussi quelque chose que vos parents avaient manqué ?
Vous êtes-vous déjà brouillé avec quelqu'un à cause de vos opinions politiques respectives ?
Avez-vous 
souvent
rarement
jamais 
l'impression de faire des mauvais choix ?
Vous tenez-vous naturellement droit ou voûté ?
Vos morts sont-ils très présents dans votre vie ?
Vous a-t-on déjà pris pour une personne du sexe opposé au vôtre ?
ICI, des voix sentimentales

vendredi 30 mai 2014

Le cabinet des rêves 177

Il est vrai que Dieu t'a fait le don du rêve mais qui te dit qu'Il t'a fait là un beau cadeau ? Le rêve est le trône de misère où Dieu s'assoit sur les visages. Le rêve est la froide chambre des reclus que ne pénètrent pas les lueurs de l'aube. Le rêve te fendra le tronc comme l'hiver. En rêve l'homme est un vautour stupide et sale comme il l'est aussi dans l'autre vie. Le rêve est plein de musique d'église dont Satan joue les notes en bon interprète. Si la vie t'autorise à oublier le rêve après la sieste ou au petit matin remercie-la pour ses grâces.
Antoine Brea. Roman dormant
Je mange dans un restaurant. Je suis installée à une table dans l'allée. Le cadre est pénible, la nourriture n'est pas bonne.
Je sais que, à une table derrière, mange GF. 
Quand il part, il passe me dire au revoir. 
Je lui dis Cette fois, c'est vraiment la dernière ! C'est dommage ! et je lui fais signe comme à un enfant. Il me répond que, de toute façon, je continuerai (ou il continuera ?) à avoir des nouvelles par O. 
Je comprends qu'ils se connaissent, qu'ils se voient occasionnellement, je pense qu'il faudra que je parle à M. de cette coïncidence qu'on ignorait.
Plus tard, S. me dit m'avoir vue dans ce restaurant : Tu cherchais tes clefs, ça se voyait, tu étais penchée longuement au-dessus de ton sac.

rêve du 8 avril 2014

jeudi 29 mai 2014

Chroniques casanières

les murs restent blancs
seule décoration un cadre grand
et laissé vacant
le soleil vient s'y coucher exactement

mardi 27 mai 2014

Tuesday self portrait

Ami il nous reste encore des rêves à voir. Mais à présent il n'est plus temps. Ami tu vas mourir il n'est plus temps. Ou bien c'est moi mais peu importe. Ami dans la mort les rêves ne s'emportent. Ami si tu t'en vas ferme la porte. Il nous reste bien des rêves à voir et c'est dommage. C'est dommage c'est à cause de ton âge. Ou bien c'est moi mais peu importe. Ami la mort m'emporte ou c'est la nuit mais peu importe. La mort m'a fermé les paupières à présent sous la pierre. J'aurais voulu te parler d'autres rêves que tu peux faire. J'aurais voulu mais il est trop tard. 
Antoine Brea. Roman dormant.

lundi 26 mai 2014

LIEU DE MéMOIRE

Si je m'assieds toujours à cette terrasse le dimanche, ce n'est pas parce qu'elle est sur le chemin du retour. Pas parce qu'elle est, à part égale, au soleil et à l'ombre. Pas non plus parce que le café y est moins cher qu'ailleurs. Pas davantage parce qu'elle a vue sur le marché et son animation. Encore moins parce que j'en apprécie le patron. 
Non, ce n'est pas... plus tard, je donnerai mes raisons. 

Souvent, ce sont les mêmes guitares flamenco qu'ils demandent à écouter avant de se décider à les acheter et pourtant, chaque semaine, ils sont différents ceux que je vois s'attarder au stand du marchand de musique. 
Souvent, c'est le même rituel : ils hésitent, discutent, se décident. Je les regarde s'éloigner, ranger dans leur sac le disque qui leur rappellera à jamais les quelques jours qu'ils ont passés sur l'île où je vis. 

Rêver des îles, avec angoisse ou joie peu importe, c'est rêver qu'on se sépare, qu'on est déjà séparé, loin des continents, qu'on est seul et perdu -ou bien c'est rêver qu'on repart à zéro, qu'on recrée, qu'on recommence. 

Gilles Deleuze. Causes et raisons des îles désertes in L'île déserte et autres textes. 

dimanche 25 mai 2014

Straight to you

Il faut détruire parce qu'il faut que la beauté et les amours meurent, pour renaître ailleurs, plus tard, et parfois même, quand la vie est bien faite, entre les mêmes. 
Pierre Zaoui. La traversée des catastrophes. Une philosophie pour le meilleur et pour le pire.
Dans les rues de Tours, c'était le hasard qui nous faisait nous rencontrer. 
Tu me disais les études commencées, arrêtées, les assiettes que tu apportais, débarrassais et plus tard les Canaries, les grains de riz. 
Je te disais... je te disais quoi ? Les études achevées, le travail à trouver, le mariage, ah oui ! le mariage à venir. 
Plus jamais ensuite, pendant que les années nous creusaient des sillons au coin des yeux, plus jamais nous n'avons habité, traversé les mêmes pays, les mêmes rues et il n'aurait plus fallu compter sur le hasard pour nous faire nous croiser à nouveau et nous dire... et nous dire quoi ? Les professions, appelons ça comme ça, les amours, les désamours, les déménagements, les petits événements, les grands bouleversements. 
Je t'aurais regardé t'éloigner de ta démarche adolescente, tu ne m'aurais pas retenue non plus, après m'avoir dit A bientôt, alors ! car c'était ainsi que se concluaient nos rencontres fortuites. 
Il a fallu traverser le meilleur, bien moins souvent le pire, et que nos peaux vieillissent pareil, avant de nous plaire à nouveau et de nous émerveiller tous les matins : pas de nous réveiller ensemble mais de savoir avec une certitude égale qu'il en sera ainsi tout le reste de notre vie. 

samedi 24 mai 2014

Une enquête sentimentale

Avez-vous déjà mangé dans un wagon-restaurant ?
Pensez-vous que la nuit est de bon conseil ?
Conservez-vous les tickets d'entrée des musées, des monuments que vous visitez ou les billets des spectacles que vous voyez ?
Eprouvez-vous 
souvent
rarement
jamais 
la sensation de ne pas réussir à vous faire comprendre ?
Donnez-vous votre sang ?
Etes-vous déjà entré dans une prison ?
A quel moment diriez-vous que vous êtes devenu adulte ?
Cédez-vous souvent à vos envies ?
Préférez-vous aller au cinéma seul ou accompagné ?
Vous arrive-t-il de rire dans votre sommeil ?
ICI, des voix sentimentales

vendredi 23 mai 2014

Le cabinet des rêves 176


Je marche en compagnie de mon grand-père, un homme grand, aux cheveux très fournis et blancs. 
Nous nous dirigeons vers une agence de voyage. 
Quand je comprends qu'il souhaite réserver un weekend à Paris pour toute la famille, je l'en dissuade. 

Plus tard, c'est avec l'une de mes deux petites soeurs (elle doit avoir une douzaine d'années. Elle a les cheveux longs, blonds, ondulés) que je suis sur le trottoir. 
Je lui annonce que j'ai refusé l'offre de notre grand-père parce que je ne nous imaginais pas capables de sourire, tous, pendant un weekend entier mais que je me suis arrangée pour qu'il nous invite pendant une journée sur une plage réputée. 
Comme j'avais pensé que ce serait le cas, elle s'en réjouit. 
Je sais qu'il n'y a qu'à moi que ça ne fait pas plaisir. 

Rêve du 23 mars 2014

jeudi 22 mai 2014

Chroniques casanières

le voisin est souriant
son pittbull indifférent
des deux cependant
 le maître aboie le plus souvent

mercredi 21 mai 2014

Là, c'est le premier jour de ma vie où j'ai vu un homme 

prétexter de son taux de cholestérol pour demander de l'argent aux passants

mardi 20 mai 2014

Tuesday self portrait

J'ai entendu dire que le GPS est en train de modifier en profondeur la perception que nous avons de notre positionnement et de la manière dont nous allons d'un endroit à un autre. La notion même d'itinéraire deviendrait aujourd'hui problématique, certains, par extension, allant même jusqu'à être persuadés que tout est localisable, temps et sentiments compris. Il est de plus en plus difficile, semble-t-il, d'accepter de ne pas savoir où l'on est, et par voie de conséquence il est de plus en plus difficile de savoir où l'on est. L'usage des cartes, des légendes, le maniement des échelles, le sens de l'orientation et la représentation de soi dans le paysage, tout cela tient désormais à un seul trait fluide de couleur rose ou verte qui se dévide placidement dans le silence de ses erreurs inaperçues. 
Nathalie Léger. Supplément à la vie de Barbara Loden

lundi 19 mai 2014

Trois minutes d'infusion
(une petite accalmie de gris)

puis 
la pluie
crépita 
sur le toit
et je fis
chauffer de l'eau
à nouveau

dimanche 18 mai 2014

After life

Tu dis que tu le sais au soin qu'ils te demandent de prendre du cliché qu'ils te confient, tu dis que ça se voit que c'est le seul qu'ils possèdent, tu dis qu'ils te tendent une photo usée parfois pliée, tu dis que parfois c'est une simple photo d'identité, tu dis qu'ils précisent Vous lui ajouterez un sourire, hein ?, tu dis qu'ils précisent Vous ferez comme si elle n'avait pas ce pansement sur l'oeil, hein ?, tu dis qu'ils demandent C'est possible de le vieillir un peu et me faire à côté, hein ? tu dis que cette photo a été maintes fois sortie du portefeuille, dévisagée, rangée, sortie à nouveau, tu dis que c'est le plus souvent une femme le plus souvent un homme le plus souvent un enfant, tu dis qu'il arrive que ce soit un chien qu'il arrive que ce soit un chat, tu dis que tu sais qu'ils seront déçus, forcément déçus, tu dis que leur attente est impossible à combler, tu dis que personne ne peut leur donner ce qu'ils espèrent car, après que tu as peint des natures mortes tout l'hiver, ce sont parfois des amours défuntes dont on te demande le portrait à l'aube de cette nouvelle saison des visages.
Une civilisation de l'image qui n'est plus centrée sur l'exigence de prendre en charge les morts en produisant moins des imitations ou des ressemblances que de véritables doubles est vouée à ne produire que des clichés reproductibles à l'infini, sans singularité, mais aussi sans double, c'est-à-dire sans renvoi consistant en dehors d'eux-mêmes. Théoriquement, tout le travail de Georges Didi-Huberman semble aller en ce sens, notamment depuis son ouvrage sur Aby Warburg, L'image survivante. Il semble s'agir en effet pour lui de promouvoir le concept warbugien de survivance (Nachleben) à toute fin de penser non pas certaines images particulières mais l'image en elle-même : en chaque image survivraient fantomatiquement toutes les images du passé, et chaque image ne vivrait que par sa capacité à faire ressurgir en elle, mais aussi en deçà et au-delà d'elle, les images qui la hantent. L'histoire des images, une "histoire de fantômes pour grandes personnes" disait Warburg avant sa mort. Dans cette perspective, le bon programme semble effectivement posé pour notre propos : il s'agit de faire de l'image le coeur vivant, pour le meilleur (création continuée de l'image) et pour le pire (hantise et folie) de la pratique des morts -les morts n'ont pas besoin de survivre mais leur image doit survivre à toute fin que l'humanité se sauve en pensant à ses morts plutôt qu'à la mort. Mais, en même temps, Georges Didi-Huberman semble faire de ce concept de survivance un concept fondamental non de la mort mais du temps, et plus précisément de ce temps du savoir historique qui ressuscite sans cesse les images de ceux qu'on croyait morts. Dans cette perspective, ce n'est plus le moment de la mort, radicalement étranger à la vie, qu'expliciterait le concept de survivance mais la vie elle-même : nous serions tous en un sens, à travers les images qui nous hantent, des survivants et non pleinement des vivants. Dans ce cas-là, l'image survivante échouerait à remplir la fonction de clôture ou de conjuration qu'elle nous semble devoir porter d'un point de vue non pas esthétique ou historique mais éthique. Nous ne pouvons ici développer plus loin, seule sans doute la suite de son oeuvre nous permettra d'y voir plus clair. 
Pierre Zaoui. La traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur ou pour le pire

samedi 17 mai 2014

Une enquête sentimentale

Vous est-il arrivé de manger un plat parce qu'un film vous en avait donné envie ?
Avez-vous déjà fait tourner les tables ?
Si vous ne l'êtes pas, pourriez-vous être patron d'une grande entreprise ?
Quelle est la durée du plus long coup de téléphone de votre vie ?
Passez-vous beaucoup de votre temps à regarder par la fenêtre ?
Menez-vous une vie associative ?
Avez-vous, actuellement, des marques de bronzage ?
Ressemblez-vous à ceux avec qui vous vous assemblez ?
De quelle invention auriez-vous aimé être l'auteur ?
Ecoutez-vous 
souvent
jamais 
rarement
de la musique en marchant ?
ICI, des voix sentimentales

vendredi 16 mai 2014

Le cabinet des rêves 175

Nous allons visiter une maison que nous sommes susceptibles d'habiter.
Elle ressemble davantage à une ruine et est pleine de gravats, de morceaux de ciment accumulés.
On sait qu'il y fera glacial en hiver, qu'il y aura plein de courants d'air.
Mon père a l'air sceptique mais me dit que, si c'est ce que je choisis, il m'aidera dans ce projet.

Plus tard, il n'est plus question de cette maison mais d'une autre.
D'extérieur, elle a l'air tout aussi délabrée mais M., qui l'a déjà vue, insiste pour que nous y allions.
Nous allons la visiter avec deux agents immobiliers.
L'intérieur n'est pas abîmé mais complètement empli d'un mobilier aux couleurs et motifs kitsch des années soixante-dix.
Rien n'a été touché ni nettoyé depuis ces années-là.
Malgré tout, on fait abstraction de tout cela quand on regarde la verrière : cette maison, pas plus que l'autre, n'a de chauffage mais on devine à quel point elle pourrait être confortable en hiver.
En revanche, il faudrait ne pas y habiter en été, fait remarquer M.

Un des agents immobiliers est assis sur un tabouret haut, devant le comptoir qui clôt la cuisine américaine.
Il s'exclame : On a fait une sacrée connerie en vous faisant visiter parce que, si vous ne parvenez pas à avoir cette maison, vous n'allez pas vous en remettre de devoir habiter en appartement !
Je lui réponds que moi, ça m'est complètement égal d'habiter dans une maison ou dans un appartement, ici ou ailleurs.

Rêve du 8 mai 2014

jeudi 15 mai 2014

Chroniques casanières

sur le toit du studio 
habite un oiseau
frôlements raclements conversations
 gentil vacarme d'une petite colocation

mardi 13 mai 2014

Tuesday self portrait

Penser n'est jamais s'arrêter de vivre, mais s'arrêter pour vivre, c'est reculer d'un pas dans l'espoir de pouvoir sauter deux pas plus loin, vers une vie devenue absolue : éternelle, univoque, pleinement affirmative, créatrice, somptueuse. C'est là la leçon fondamentale de toutes les grandes philosophies de la vie, celle des présocratiques et celle des néoplatoniciens, celle de Spinoza, celle des empiristes anglais, celle des romantiques allemands, celle de Nietzsche, celle des bergsoniens français, en bref celle de Deleuze comme nom même de cette "lignée souterraine et prestigieuse" : la pensée ne vaudrait pas une heure de peine si elle n'était pas une intensification de la vie, si elle ne permettait pas, par le sentiment, la croyance, la vision fulgurante ou l'intuition méthodique, de retrouver un sens plus haut de la vie. Il ne vaut la peine de s'arrêter un moment de vivre que pour vivre plus encore et s'écrier avec le Dom Carlos de Schiller : "Que la vie est belle !", la beauté nommant bien alors et cette distance et cette participation à quelque chose de plus grand que soi. Que la vie est belle, pas sa vie, pas les aléas de l'existence, les morts en masse, les morts accessoires, les morts particulières ou les impuissances répétées, mais la vie même, la vie au dehors, belle d'une splendeur impersonnelle mais sans pareille. 
Pierre Zaoui. La traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur et pour le pire

lundi 12 mai 2014

Je n'aurais pas voulu mourir avant,

et pas encore maintenant, merci, non pas tout de suite : que j'en profite.
J'en veux encore, de cette vie qui me va si bien que, si c'était un habit, je pourrais croire à mes talents de couturière : car c'est moi qui en ai choisi la ligne, l'allure, le style, les coloris. 

une vie sans file d'attente à la CAF sans plein d'essence sans jeton de caddie sans liste de courses sans carte de crédit ni de fidélité sans apéro-dînatoires sans rendez-vous chez le pédiatre l'orthodontiste sans rendez-vous chez le banquier une vie sans plan-épargne-retraite sans titre de propriété sans argenterie sans initiales brodées sans grenier une vie sans gigot à Pâques sans dinde à Noël sans poulet rôti le dimanche sans premier jour des soldes sans Range ta chambre Lave-toi les dents une vie sans journaux sans téléphone portable sans contrat de mariage sans scènes de ménage sans chagrin d'amour sans pizza surgelée sans baguette de supermarché sans heures de pointe sans chassé-croisé en été une vie sans trahison sans télévision sans impatience
une vie de tous les jours et sans lendemain

dimanche 11 mai 2014

Waiting for you

J'aurais pu tout aussi bien ne pas. 
Je veux dire : ne pas compter les jours. Ne pas, du même coup, chercher à retrouver à quelle occasion la plus récente je les avais précédemment comptés (et c'était en t'attendant).  
Le soir, j'ai su que toi aussi, mais pour d'autres raisons, tu t'étais souvenu de ce mois de mai de l'année dernière.
J'ai souri de nos pensées siamoises.

samedi 10 mai 2014

Une enquête sentimentale

Avez-vous déjà vécu en colocation ?
La vie de vos parents est-elle pour vous un modèle à suivre ou à fuir ?
La cuisine est-elle une pièce que vous fréquentez en-dehors des heures de repas ?
Reconnaissez-vous les oiseaux à leurs chants ?
Eprouvez-vous le désir de rencontrer les artistes qui ont joué dans un spectacle que vous avez apprécié ?
Pouvez-vous décrire la plus ancienne photo que vous connaissez de vous-même ?
Tombez-vous facilement amoureux ?
Vous arrive-t-il de rouvrir une porte pour vous assurer que vous l'aviez bien fermée ?
Dites-vous bonjour à beaucoup de monde quand vous sortez dans votre quartier ?
Changez-vous régulièrement de coupe de cheveux ?

ICI, de nouvelles voix sentimentales

vendredi 9 mai 2014

Le cabinet des rêves 174

J.M. prend des cours d'aquarelle. 
Cette semaine-là, le thème du cours est : le portrait des candidats aux élections municipales. 
A cette occasion, nous apprenons que Nicolas Sarkozy est mort. 
Cette nouvelle nous surprend grandement. 

Rêve du 24 mars 2014

jeudi 8 mai 2014

Chroniques casanières

quand je descends à la mer
je regarde derrière
moi comme si je pouvais être
en même temps à ma fenêtre

mercredi 7 mai 2014

Là, c'est le jour où la poste fit diligence et

ajouta à mes propres questions celles de Jean-Yves Pranchère :
"qu'ai-je perdu ?
qu'ai-je retrouvé ?
qu'est-ce que je cherche à retrouver ?"
"Nous voudrions préserver l'éphémère -comme s'il ne tenait pas sa beauté de sa vocation de ne pas durer."
Jean-Yves Pranchère. Une enquête de l'administration des choses perdues.

mardi 6 mai 2014

Tuesday self portrait

Elle s'adressa à moi en espagnol. Le propriétaire de la maison avait apparemment mentionné ma nationalité. J'avoue que je me sentis tout d'abord un peu accablé. Non seulement à cause de la familiarité forcée qu'impose une patrie commune en terre étrangère, mais aussi et surtout à cause de ce sentiment de honte irrationnel et désagréable que j'éprouve en présence d'Espagnols hors de leur pays (j'aimerais être de nulle part, adopter une nouvelle nationalité n'est pas une solution. Cela revient au contraire à souligner encore plus l'ancienne avec cette insistance très vive propre à tous les abandons).
Alvaro Pombo. Les êtres immatériels

lundi 5 mai 2014

L'à-venir

Quelques photos (
photo Hervé Guibert),


un tableau (
peinture Benoît Drunat),

et puis ?
Que restera-t-il après moi ?

On dirait cette époque faite sur mesures pour moi, qui permet à ma vie de tenir dans une machine (

  • Hauteur : 2,41 cm
  • Largeur : 32,5 cm
  • Profondeur : 22,7 cm
  • Poids : 2,06 kg)           

  • dont l'obsolescence est programmée.
    Dont je m'efforce de croire que la mémoire est ma mémoire quand je vide la corbeille que j'ai emplie des traces d'un passé que je voudrais oublier. 
    Dont j'aimerais croire que ma mémoire survivra à la sienne quand disparaissent sans la responsabilité de ma volonté des traces d'un passé que je voudrais garder. 

    J'écris l'intime minuscule, quotidien sur des pages qui disparaitront sans doute avant moi.

    Que restera-t-il après moi ?
    ni remords, ni regrets,
    j'y veille(rai).

    dimanche 4 mai 2014

    Dogs are everywhere

    alors, parce que ce matin-là se leva, pour une fois, gris, je ne rejoignis pas mon tapis de yoga au réveil mais ce fut toi qui revins, au lit, après l'aller-retour à l'école et alors, comme les matins d'hiver sauf que là, il faisait tout sauf froid, nous choisîmes une émission de radio, nous écoutâmes le peintre et ses modèles et ses amis et, à la fin, tu dis Je comprends mieux, pour le chien.
    Plus tard... plus tard il fit beau.

    samedi 3 mai 2014

    Une enquête sentimentale

    Commettez-vous
    souvent
    jamais
     rarement
    des lapsus ?
    Parlez-vous avec les mains ?
    Parmi ceux que vous avez reçus récemment, quel cadeau vous a le plus touché ?
    Consultez-vous volontiers les dictionnaires ?
    Avez-vous déjà avoué à vos parents quelque chose que, plus jeune, vous leur aviez caché ?
    Fait-on
    souvent
    parfois
    jamais
    votre éloge pour des qualités dont vous ne vous estimez pas pourvu ?
    De quelle manière avez-vous célébré votre dernier anniversaire ?
    Aimez-vous danser ?
    Vous souciez-vous de votre réputation ?
    Vous arrive-t-il de photographier ce que vous allez manger ?
    ICI, une petite foule sentimentale

    vendredi 2 mai 2014

    Le cabinet des rêves 173

    Il y a une fête aux rives du Cher. 
    M. (redevenu adolescent) s'échappe avec ses copains, disparaît de la fête. C'était sans doute prévu : je n'en suis ni étonnée ni inquiète. 
    Cette fête a lieu parce que des amis comédiens de P. font un spectacle. Ils sont en train de s'installer. 
    Je suis assise à côté de N.
    Nous avons une assiette en carton à la main (nous mangeons ?). 
    Nous n'avons rien à nous dire. 
    Elle parle de la météo déprimante. Je dis que c'est subjectif, que moi, je viens d'O., alors...
    Ah ?! D'O. ?! Alors, évidemment...

    Le spectacle commence et il est affligeant. 

    Dans un coin de l'appartement, des balançoires sont occupées par des adolescents. 
    Comme je vois bien qu'ils ne sont pas prêts à céder une place à l'adulte -très vieille à leurs yeux- que je suis, je sors en pensant que je verrai peut-être M.
    Dans la cage d'escalier et partout ailleurs dans la rue : il n'y a que des Noirs. 
    L'ambiance est électrique et me semble dangereuse : ils pleurent l'un des leurs qui a été tué. 
    Je préfère remonter. 

    Je quitte la fête dans une voiture avec quelqu'un qui, couché par terre, porte un sweat à capuche et dont je pense que c'est peut-être M. 
    En fait : c'est une fille. 
    Par la fenêtre, j'aperçois la lune : pleine, énorme et rousse. 
    Je voudrais absolument la voir de plus près (avec M. ou pouvoir lui raconter ensuite) mais quand nous nous garons, c'est trop tard : la lune a pâli avant de se dissoudre dans l'air. 

    Nous allons dans une petite boutique sombre où la fille me montre une création : une coiffure avec des cheveux et un ruban. 
    Je lui dis que ça lui va bien. 
    Elle répond que c'est normal, qu'avec le visage qu'elle a, il ne faut pas grand-chose pour qu'elle paraisse sexy. 

    M. arrive : il travaille dans cette boutique. 
    J'ai dans la main une plaquette de boucles d'oreille et une dame s'approche de moi. Je sais qu'elle me suspecte de vouloir les voler mais quand elle comprend que je suis avec un vendeur, elle s'éloigne. 
    M. range le rayon des boucles d'oreille. 
    Il y trouve un bouton de porte en porcelaine. 
    Comme il ignore ce que c'est et qu'il croit que c'est un bijou, nous en rions. 

    Rêve du 24 avril 2014

    jeudi 1 mai 2014

    Chroniques casanières

    le soir dans la maison
    nous tournons tous en rond
    j'attends leur maître pour manger moi
    et les bêtes le repas qu'il leur donnera