Penser n'est jamais s'arrêter de vivre, mais s'arrêter pour vivre, c'est reculer d'un pas dans l'espoir de pouvoir sauter deux pas plus loin, vers une vie devenue absolue : éternelle, univoque, pleinement affirmative, créatrice, somptueuse. C'est là la leçon fondamentale de toutes les grandes philosophies de la vie, celle des présocratiques et celle des néoplatoniciens, celle de Spinoza, celle des empiristes anglais, celle des romantiques allemands, celle de Nietzsche, celle des bergsoniens français, en bref celle de Deleuze comme nom même de cette "lignée souterraine et prestigieuse" : la pensée ne vaudrait pas une heure de peine si elle n'était pas une intensification de la vie, si elle ne permettait pas, par le sentiment, la croyance, la vision fulgurante ou l'intuition méthodique, de retrouver un sens plus haut de la vie. Il ne vaut la peine de s'arrêter un moment de vivre que pour vivre plus encore et s'écrier avec le Dom Carlos de Schiller : "Que la vie est belle !", la beauté nommant bien alors et cette distance et cette participation à quelque chose de plus grand que soi. Que la vie est belle, pas sa vie, pas les aléas de l'existence, les morts en masse, les morts accessoires, les morts particulières ou les impuissances répétées, mais la vie même, la vie au dehors, belle d'une splendeur impersonnelle mais sans pareille.Pierre Zaoui. La traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur et pour le pire.
mardi 13 mai 2014
Tuesday self portrait
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