samedi 31 août 2013

Une enquête sentimentale

Êtes-vous intro ou extraverti ?
L'avez-vous toujours été ?
Êtes-vous respectueux de la loi ?
Qu'est-ce qui vous émeut aux larmes ?
Avez-vous déjà vu un de vos vêtements porté par quelqu'un d'autre ?
Avez-vous connu ce que Andy Warhol a appelé un "quart d'heure de célébrité" ?
Savez-vous comment vos parents se sont rencontrés ?
Et vos grands-parents ?
Enfant, étiez-vous capricieux ?
Votre emploi du temps est-il régulier ?
Vous identifiez-vous souvent aux personnages des romans que vous lisez ?
La chirurgie esthétique vous tente-t-elle ?
Avez-vous le vertige ?
Chantez-vous juste ?
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vendredi 30 août 2013

Le cabinet des rêves 138

Rêves -toujours des voyages... des départs... Morceau de rêve : je pleure, je dis ce sont toujours les questions de logique pure qui me font pleurer. A examiner.
Raymond Queneau. Journal 1939-1940

Je vais au cinéma. 
Il y a du monde qui attend dans une espèce de grand hall, dont Gérard Depardieu. Ce n'est pas sa présence qui m'impressionne mais sa corpulence ! 
Au moment où j'achète ma place, le caissier me précise que je devrai apporter deux photos la prochaine fois. 
Je lui dis : Ne vous fatiguez pas à m'expliquer : je déménage la semaine prochaine !
Il a un mot gentil. 
Il n'y a aucun endroit où je pourrais m'installer pour attendre et tout le monde est en train de discuter.
Je ne sais pas bien comment me tenir, quelle attitude adopter.
Je vois C.L. et B. en train de parler ensemble. Elles ont l'air très absorbées par leur conversation. 
J'hésite à aller les interrompre pour leur proposer de boire un café avec moi avant mon départ. 
Je pense : De toute façon, quand je serai à Lille, ce sera plus facile de les voir. 
Avant de me raviser : ce n'est pas à Lille que je vais, mais à Majorque. 
Quand je pense à l'effort que nécessite la recherche d'une date commune, j'abandonne l'idée et me dirige vers la fenêtre. 
Le mur d'en face est recouvert d'un papier aux motifs déprimants. 

Rêve du 24 juillet 2013

jeudi 29 août 2013

Chroniques d'une chambre en ville

j'ai été seule souvent
dans cet appartement
parfois à trois cependant
le calme du bois dormant

mercredi 28 août 2013

46kg

10 conseils utiles
1) Faites-vous épauler
2) Prenez votre temps !
3) Pensez à consulter un diététicien
4) Dites au revoir aux sucreries et aux charcuteries
5) Dites bienvenue aux poissons
(Attention, le poisson pané n'est pas conseillé !)
6) Sortez vos baskets
7) Surveillez votre frigo
8) Ne sautez pas de repas       
9) Respectez la règle de la pyramide des repas
10) Faites aussi attention aux boissons

Alors que tout le monde revient de la plage, c'est à mon tour 
de me soucier de mon poids. 
Rentrer dans un maillot nullement. 
Mais dans mes malles.
   

mardi 27 août 2013

Tuesday self portrait

La possibilité de faire l'expérience du passé exige, pour Benjamin, certaines conditions. La disposition à se laisser toucher, à se laisser ravir par l'aura, demande notamment un vrai désoeuvrement. Il ne faut pas que le flâneur veuille disposer lui-même du temps, par exemple en s'engageant dans quelque projet et en programmant son action avec précision : il doit au contraire être disponible pour le temps, le laisser passer, le dépenser sans compter, savoir le perdre. Il doit renoncer à en faire son propre temps, celui avec lequel il devrait compter s'il agissait. C'est comme temps mort que la durée devient sensible. 
Sylviane Agacinsky. Le passeur de temps.

lundi 26 août 2013

L'éclipse

 Que faisiez-vous,  
-vous, oui, vous-
l'année dernière à la même heure ??? 
Qui étiez-vous ???
 Le savez-vous ???


Quant à moi, je fais parfois des incursions dans mes archives, je me regarde à la date du jour ou dans le mois en cours.
Et c'est comme entrer chez moi en mon absence
Comme découvrir mon passé dans les écrits d'une autre.


dimanche 26 août 2012  
high tea
Tandis qu'avec deux heures d'avance la pendule du premier rappelait l'imminence de la cérémonie du thé
une soudaine rafale de vent éparpilla l'essaim bavard de perruches par-dessus les arbres et les toits.
J'avais écrit tout l'après-midi et mes lèvres déposèrent
une marque bleue sur mon bol de sencha.
Aucun commentaire:

dimanche 25 août 2013

L'enterrement de ma vie
de jeune fille


 en apparence : aucune différence

des azulejos et des escaliers
du soleil et des pavés
des heures au Tage et au café

mais souterraine et secrète la si
grande allégresse de ne plus vivre qu'une semaine ici
avant de partir commencer ma prochaine vie

samedi 24 août 2013

Une enquête sentimentale

Êtes-vous plus déstabilisé par les questions qu'on vous pose que par celles qu'on ne vous pose pas ?
Quel est le jour de la semaine que vous préférez ? 
Avez-vous parfois l'impression que les choses sont écrites ?
Diriez-vous que vous êtes serviable ?
Pensez-vous souvent à la mort ?
Y a-t-il une fête que vous aimez particulièrement célébrer ?
Pensez-vous avoir des kilos à perdre ?
Avez-vous vraiment des kilos à perdre ?
Avez-vous conservé des traces de votre premier amour ?
Avez-vous faim à heure fixe ?
Éprouvez-vous des difficultés à présenter des excuses ?
Vous quitte-t-on plus souvent que vous ne quittez ?
Avez-vous déjà accompli quelque chose uniquement de peur de regretter plus tard de ne pas l'avoir fait ?
Quelle expression utilisez-vous le plus volontiers pour manifester votre contrariété ?

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vendredi 23 août 2013

Le cabinet des rêves 137


D. est à Lisbonne et dit qu'il faut aimer les rues larges pour apprécier ce que j'aime de la ville (manifestement, ce n'est pas son cas !). 
Elle a acheté des cadeaux pour tout le monde. Pour moi : des chaussettes. 
Je fais remarquer à E. qu'elle doit avoir beaucoup d'argent pour vivre comme elle le fait.
Il confirme :
Elle boit du champagne seule à 650 francs la bouteille alors même que ses filles sont tristes

Alors que nous marchons, je m'arrête pour acheter à manger. 
Je regarde une lunch box mais quand je vois qu'elle coûte 15€ alors qu'elle contient si peu de choses, je la repose. 
Plus tard, je marche dans une espèce de chantier dont les tranchées sont creusées dans des empilements de crânes humains. 


Rêve du 27 avril 2013

jeudi 22 août 2013

Chroniques d'une chambre en ville


La voisine du premier a le sens de la contradiction
welcome écrit sur son paillasson
mais dès qu'elle entend des pas
son oeil est au judas

mercredi 21 août 2013

"Ne pas trouver son chemin dans une ville, ça ne signifie pas grand-chose. Mais s'égarer dans une ville comme on s'égare dans une forêt demande toute une éducation."*

*Walter Benjamin
Le quatrième jour, j'ai pensé
Comme cette ville est petite
avec l'impression de l'avoir apprivoisée
sans mérite.


L'acte de marcher est au système urbain ce que l'énonciation est à la langue ou aux énoncés proférés. Au niveau le plus élémentaire, il a en effet une triple fonction "énonciative". C'est un procès d'appropriation du système topographique par le piéton (de même que le locuteur s'approprie et assume la langue); c'est une réalisation spatiale du lieu (de même que l'acte de parole est une réalisation sonore de la langue; enfin il implique des relations entre des positions différenciées, c'est à dire des "contrats" pragmatiques sous la forme de mouvements. La marche semble donc trouver une première définition comme espace d'énonciation. 
On pourrait d'ailleurs étendre cette problématique aux relations que l'acte d'écrire entretient avec l'écrit, et même la transposer aux rapports de la "touche" (le et la geste du pinceau) avec le tableau exécuté (formes, couleurs, etc). 
Michel de Certeau. L'invention du quotidien.

mardi 20 août 2013

Tuesday self portrait

En ce jour du mois d'août tout le monde était sur la plage, Lisbonne avait l'aspect nu et vide d'un ascenseur arrêté qui ne marche plus. Et moi qui ressentais ainsi le mois d'août de Lisbonne, je me rafraîchissais de la chaleur et de l'ennui mortel qui me remontait jusqu'au cou au point de me donner l'exacte impression d'être au chômage de moi-même. 
José de Almada-Negreiros.

lundi 19 août 2013

Dimanche, 15:22

L'homme s'arrêta subitement sur le trottoir, figé. 
Avant même d'achever la rotation qu'il avait entreprise, il avait semblé s'apercevoir que la femme dont il s'apprêtait à regarder les fesses n'en valait pas la peine. 
A moins que ce soit parce que, pendant ce mouvement, une belle et plantureuse italienne aux courbes généreuses et à la robe rouge étincelante était entrée dans son champ de vision. 
L'ayant dépassé depuis une vingtaine de mètres, je me retournai. 
Il n'avait pas bougé et n'avait pas détourné son regard de la vitrine du concessionnaire.

dimanche 18 août 2013

"Peut-être est-ce ce fort lointain, source d’histoires folles et jamais vérifiées que nous, d’histoires inventées et donc vraies, que nous jouions aux pirates."*

*Emmanuel Régniez 

Je peux imaginer une scène, un accident, de ceux dont les statistiques démontrent la fréquence malgré les campagnes de prévention, les avertissements à la vigilance et qu'on appelle domestiques(1)
Il est toujours question de gaz, de casserole, d'eau bouillante, d'huile brûlante. 

J'ai répondu au téléphone et... 
J'ai eu à peine cinq secondes d'inattention et... 
Il a voulu faire une crêpe, lui aussi et... 
On a sonné à la porte et...

Personne ne m'a raconté mais je peux reconstituer une possible scène à l'origine de l'accident, de la blessure, de la trace, comment appeler ça ? Oui : une cicatrice (2), une balafre.
Ce qui fait que, à l'aveugle, au toucher, je le reconnais même entre tous et c'est lui que, toujours, je choisis, le couteau dont le manche fondu me fait penser que, comme toi (3), il a un profil pirate(4)
(1) Arrachée à mon paradis, comme en exil dans cette ville en construction où j'appris le mot préfabriqué parce que ma salle de classe en était un, posé sur un terrain argileux où, dans mon souvenir, les flaques ne séchaient jamais (5), j'aurais pu me sentir plus de ressemblances avec sa mère -petite, ronde, gênée de son accent chuintant, s'efforçant, comme tant d'étrangers craignant qu'on nie leur légitimité, de ne pas se faire remarquer, toujours à l'heure à la sortie, un chausson à la pomme à la main (6)- qu'avec sa fille qui, avec brusquerie, avait accompagné son refus de me prêter une gomme (7) d'un lapidaire "tu n'as qu'à effacer avec ton doigt". (8)
Peut-on dire "tu es si jolie maintenant !" sans laisser paraître que ce n'était donc vraiment pas le cas avant ? Je m'y serais peut-être tout de même essayé car, oui, je lui trouvais vraiment beaucoup de charme quand je la croisais dans les couloirs du lycée, une dizaine d'années plus tard. J'aurais sans doute été maladroite mais je n'en eus de toute façon pas l'occasion : le jour où je l'abordais d'un "tu te souviens, on était voisines de table en CP ?", elle me tourna théâtralement le dos, me laissant sur place dans un "Non !" sonore et sans réplique. Pourtant, même si elle s'était estompée depuis son enfance, la trace de la brûlure au degré le plus élevé qui plissait la moitié de son visage était encore assez visible pour que je sois assurée de reconnaître en elle la petite Portugaise au chausson aux pommes quotidien.

(2) Cicatrice, est le mot auquel je pense aussi quand je vois la trace qu'une chute dans l'escalier laissa sur ma bague plutôt que sur mon doigt.

(4)"J'aime bien ton profil", elle fait. "C'est quoi le mot, déjà ?"
"Profile." Sa voix semble perdue.
"J'aime bien ton profil. Non, j'adore ton profil. Aimer c'est rien."
James Salter. Un sport et un passe-temps.

(5) Quand on est arrivés, à cette époque où les Sud-Américains débarquaient par milliers dans cette ville glaciale, on disait qu'à Paris l'hiver durait neuf mois, et qu'après il y avait trois mois pendant lesquels on attendait l'été.
Santiago H. Amigorena. Le premier amour. 

(6) ce qui, pour moi, était un produit exotique car je n'en avais encore jamais mangé, au contraire des mangues, noix de coco, maracujas, tiges de cannes à sucre.

(7) Je ne me souviens pas d'avoir adressé la parole à quiconque une autre fois cette année-là (j'étais plus à l'aise dans la compagnie de Daniel, Valérie et leur chien Bobby (9) que dans celle de mes camarades de classe) mais je me souviens, en revanche, de tout le courage que j'avais dû rassembler pour formuler cette demande-là. (10)
(8) Moi qui étais coutumière des pages soignées, je fus humiliée ce jour-là de devoir en rendre une presque trouée.

(10) 35 ans plus tard, avenue de la Toison d'or, je m'en souvins encore, alors que S. concluait le récit qu'il me faisait d'une histoire d'amitié compliquée : "elle était toute étonnée que Benjamin refuse : ça lui avait demandé tant d'efforts de le lui demander qu'elle aurait trouvé bien légitime qu'il lui rende ce service !"

samedi 17 août 2013

Une enquête sentimentale

Vos amis ont-ils majoritairement le même âge que vous ?
Avez-vous l'habitude de partir en vacances ?
Qu'est-ce qui vous rend fier de vous ?
Lors de retrouvailles, préférez-vous entendre : 
C'est fou, tu n'as pas changé ! 
ou 
J'ai failli ne pas te reconnaître ! 
Commencez-vous souvent vos phrases par : Il faut que... ?
Vous est-il déjà arrivé de modifier la couleur de vos cheveux ?
Et celle de vos yeux ?
De quelle chanson auriez-vous aimé être l'auteur ?
Avez-vous déjà entendu un cerf bramer ?
Avez-vous le sens de la famille ?
Combien de cartes de fidélité avez-vous dans votre portefeuille ?
Êtes-vous fidèle ? 
Le cycle de la lune vous importe-t-il ?
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vendredi 16 août 2013

Le cabinet des rêves 136

Il y a dans le sommeil de certains petits rêves non pas à proprement parler érotiques, mais doucement galants, presque chastes, qui sont une spécialité de la vie dure, que j'ai connus dans la dernière guerre, puis en Afrique, et qui me reviennent aujourd'hui. On dirait que la nature veut compenser, la nuit, ce qu'elle vous a fait souffrir le jour. Le sperme non jeté le jour se reformerait-il en rêves ? Il faudrait interroger un psychiatre là-dessus. (En temps normal, je n'ai jamais de rêves érotiques ou "tendres")
Henry de Montherlant. Textes sous une occupation. 1940-1944
Je loue une chambre dans une grande maison et je m'apprête à la quitter.
Alors que je n'ai pas encore eu le temps de la ranger ni même de faire le lit, deux femmes viennent la visiter.
Je suis surprise parce qu'elles sont plus curieuses des animaux qui sont dans la maison -des chats, à cet étage- que de la chambre qu'elles ne regardent même pas. 
Je finis par comprendre le quiproquo : elles ont sonné pour voir les chats, pas pour voir la chambre. 
Avant leur départ, je remets tout en ordre et je descends dans le jardin -c'est un champ immense avec quelques arbres et de hautes herbes. Il y a du vent et il ne fait pas beau- pour y récupérer mon chat Médor qui s'y trouve. 
Il est dans un arbre et en descend quand je l'appelle. 
Il semble terrorisé et s'aplatit le plus possible quand il marche. 
Néanmoins, il me suit jusqu'au centre commercial par lequel je dois passer. 
Là, son premier réflexe est de fuir et de se cacher sous un meuble dans une des boutiques. 
Je m'accroupis, penchée vers le sol pour l'apercevoir et je cherche à le persuader de venir.
Il se précipite entre mes jambes et je le prends dans mes bras en espérant qu'il ne s'échappe pas. 

Rêve du 9 août 2013

jeudi 15 août 2013

Chroniques d'une chambre en ville

j'habite à côté
du service des frontières et des étrangers
qui ignore que je suis là
car ici je n'existe pas

mercredi 14 août 2013

En continu

Quel est celui de nous qui n'a pas fait ce rêve égoïste de planter là un beau matin ses affaires, ses habitudes, ses connaissances et jusqu'à ses amis, pour aller dans quelque île enchantée vivre sans soucis, sans tracasseries, sans obligations et surtout sans journaux ? 
George Sand. Un hiver à Majorque.
On aurait tort de croire que j'ausculte le monde quand je lève la tête vers l'écran de la pastelaria. 
Non : 
j'admire les cravates du journaliste, 
je constate l'étendue de la garde-robe de la présentatrice. 

Et puis : 
tout le reste du jour, c'est du ciel
que je prends des nouvelles. 

mardi 13 août 2013

Tuesday self portrait

Et elle continue : "les patrons nous préfèrent, et c'est normal, les Françaises ne sont que des fainéantes. Les femmes comme les hommes. Que personne ne leur enlève la bonne table et le bon boire. Et pour ce qui est du dévergondage, si vous les connaissiez !"
          Fernando Namora. Fleuve triste

lundi 12 août 2013

Dedans les gens

"Je donne deux cours pour "écrire son journal". En fait, ce sont des cours de composition. 
Si le nom du cours est "la composition", peut-être que les élèves ne viennent pas. 
Mais comme c'est "écrire son journal", il y en a de temps en temps."
(extrait d'une lettre de Yoshimi)
Comme je savais que la vitre était sans tain, je m'en suis approchée afin de regarder par-dessus son épaule le carnet dont l'homme, assis dans l'herbe, tournait les pages écrites, dessinées, intimes, sans soupçonner ma présence.

dimanche 11 août 2013

"The camera was fixed to a tripod and there was a 15 minutes interval between each shot; the models were asked to assume always the same position and expression; they had a complete control over their own bodies and minds."*



elle porte une petite robe noire elle dit Non merci elle pense à autre chose elle se brûle en buvant son thé elle soutient son regard elle dit Tu aimes mes seins elle allume la lampe de chevet elle ne remonte pas sa bretelle devant la photocopieuse elle lit James Salter elle pense à autre chose elle porte un gilet échancré elle se brûle en buvant son café elle dit Tu m'aimes encore elle regarde ses pieds elle met un disque elle aime le mot camisole elle pense à autre chose elle ne porte rien sous sa robe elle ne sait pas quoi faire des fleurs qu'on lui offre elle dit Ça ira mieux demain elle se brûle en buvant son thé elle aime se faire attacher elle pense à commencer une psychanalyse elle dit De toute façon je ne t'ai jamais aimé elle se tient droite elle porte une petite robe noire elle se penche sur la photocopieuse elle pense à autre chose elle dit Non merci elle lit encore deux pages allez trois avant d'étendre le linge elle dit Oui encore elle connaît trois poèmes en français elle lit Paul Auster elle porte une culotte haute elle pense à autre chose elle fait l'amour l'après-midi elle pense à autre chose elle dit Non pas comme ça elle se brûle en buvant son thé elle a une cravache dans un placard elle dit Non merci elle relit James Salter elle porte un collier elle pense à commencer une psychanalyse elle ne sait pas quoi faire de ses mains elle se brûle en buvant son café elle pense à autre chose elle dit Tu m'aimes encore elle dit Ça ira mieux demain elle se regarde dans le miroir elle pense à autre chose elle pense à autre chose elle dit Non merci elle arrête de lire Paul Auster elle met un disque elle pense à autre chose elle porte un gilet échancré elle fait l'amour dans le noir elle

C'est un texte inspiré par le travail de *Julião Sarmento

samedi 10 août 2013

Une enquête sentimentale

Accordez-vous la moindre foi à la graphologie ?
Vous dites-vous "on ne m'y reprendra plus" souvent, rarement, jamais ?
Avez-vous de l'intuition ?
La honte est-elle un sentiment qui vous est familier ?
L'argent a-t-il déjà été un motif de brouille dans votre vie ?
Aller chez le coiffeur est-il un plaisir ou une corvée ?
Au cinéma, préférez-vous les premiers ou les derniers rangs ?
Vous rendez-vous aux réunions d'anciens élèves des établissements scolaires que vous avez fréquentés ?
Connaissez-vous le résultat d'une recherche de votre nom sur internet ?
Vous endormez-vous parfois contre votre gré ?
Éprouvez-vous du remords quand, au terme d'une journée, vous avez l'impression de ne rien avoir fait ?
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vendredi 9 août 2013

Le cabinet des rêves 135

Rêves sont comme le (les) 
Rêves sont comme le (les) vent. 
Ils passent en un souffle. 
Les petits rêves sont des brises, mais ils passent aussi. 
Tokyo Le 20 ou le 26 mai 1976 Richard Brautigan. Journal japonais.
H. rentre en pleine nuit et laisse l'appartement plongé dans l'obscurité. 
Il est avec une fille et un garçon et ils ont l'air d'avoir bu. 
H. embrasse la fille avec beaucoup d'ostentation. 
Son copain -une grande brute épaisse- veut que je l'embrasse aussi. 
Je pressens que ça va poser problème -voire même devenir violent- si je m'y oppose. 
Mais non : je refuse et, aussitôt, il cesse ses avances. 

Rêve du 2 juillet 2013

jeudi 8 août 2013

Chroniques d'une chambre en ville

ma rue porte le nom d'un politicien
dont je ne sais rien
mais j'ai appris incidemment que Pessoa

mercredi 7 août 2013

Mes nuits sont plus courtes que vos jours...

...
j'en fais
donc
l'unité de mesure
du temps qui reste.

mardi 6 août 2013

Tuesday self portrait

-Baudelaire dit que la photographie est "le refuge de tous les peintres manqués, trop mal doués ou paresseux pour achever leurs études" et il y voit "la couleur de la vengeance".
-Personne ne peut sérieusement confondre la peinture avec le pinceau, pourquoi donc réduire le photographe à son appareil ? Avec un pinceau, on peut peindre son salon en blanc ou marquer l'histoire du modernisme comme Robert Ryman. 
-Peut-on imaginer une photographie conceptuelle ? 
-C'est très intéressant en effet. Je me souviens d'avoir vu à Düsseldorf une exposition de photographies célèbres  dont on ne montrait que les descriptions. La graphie sans la photo en somme. C'est ce qui se passe avec la photographie numérique a fortiori. L'image est façonnée par une information, un fichier de métadonnées qui n'est qu'une ligne de code textuelle. On sait où, quand, comment et dans quelles conditions les photos sont prises, avant même d'avoir vu l'image.

Peter Lindbergh. Interview par Alexi jankubowicz. Art press 383 novembre 2011

lundi 5 août 2013

"Pour ma part, non seulement je n'ai pas d'actions mais je n'en commets presque pas. Je vis d'inaction. Et cela ne paie pas beaucoup."*

*Julio Cortàzar. Les gagnants.


Ce dîner avec un homme d'affaires. Il rêve de gagner de l'argent, de travailler à outrance, parce qu'il ne sait que faire de son loisir et, si par nécessité il lui en venait un peu, de l'employer à faire un grand voyage. Moi, je rêve de ne pas gagner d'argent, de ne pas voyager, et d'avoir beaucoup de loisir.
Henry de Montherlant. Textes sous une occupation.

dimanche 4 août 2013

4 semaines


J'ai 
une date
tatouée 
sur le 
coeur

samedi 3 août 2013

Une enquête sentimentale

Tenez-vous un journal ?
Regrettez-vous plus souvent d'avoir trop parlé ou pas assez ?
Pour décrire une personne, par quoi commencez-vous ?
Y a-t-il des choses qui se répètent dans votre vie ?
Auriez-vous préféré naître à une autre époque ?
Avez-vous l'esprit de compétition ?
Feriez-vous castrer votre chien ?
Etes-vous une personne sentimentale ?
D'une manière générale, avez-vous l'impression que le temps passe vite ?
Pensez-vous que vous aimez davantage qu'on vous aime ?
Y a-t-il une odeur de cuisine qui vous met systématiquement en appétit ?
Etes-vous capable de passer une journée entière sans sortir de chez vous ?
Aimez-vous faire la connaissance de nouvelles personnes ?
Lisez-vous un livre ou allez-vous voir un film sur la seule foi de son titre ?
Accordez-vous facilement votre confiance ?
Commentez-vous sa façon de faire quand quelqu'un cuisine ?
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vendredi 2 août 2013

Le cabinet des rêves 134

Car si on écrit ses rêves et si on les communique à des lecteurs, c'est qu'on transforme le monologue nocturne en dialogue, c'est qu'on fait de la nuit une "boutique", donc une pièce ouverte à un public, à une clientèle, non une chambre close.
Roger Bastide. Postface à La boutique obscure de Georges Perec.
E. m'informe que quelque chose s'est passé dans mon appartement, qui concerne ma chambre. 
Je ne vois rien et je suis soulagée. 
Mais, finalement, je m'aperçois que, en effet, un pan du mur est fendu et faussé
Je pense que ça va poser un problème pour ma caution. 

Rêve du 6 juillet 2013

jeudi 1 août 2013

Chroniques d'une chambre en ville

 jusqu'en bas de l'escalier
j'espère du courrier
mais le facteur 
n'a pas de coeur