Il faut détruire parce qu'il faut que la beauté et les amours meurent, pour renaître ailleurs, plus tard, et parfois même, quand la vie est bien faite, entre les mêmes.
Pierre Zaoui. La traversée des catastrophes. Une philosophie pour le meilleur et pour le pire.
Dans les rues de Tours, c'était le hasard qui nous faisait nous rencontrer.
Tu me disais les études commencées, arrêtées, les assiettes que tu apportais, débarrassais et plus tard les Canaries, les grains de riz.
Je te disais... je te disais quoi ? Les études achevées, le travail à trouver, le mariage, ah oui ! le mariage à venir.
Plus jamais ensuite, pendant que les années nous creusaient des sillons au coin des yeux, plus jamais nous n'avons habité, traversé les mêmes pays, les mêmes rues et il n'aurait plus fallu compter sur le hasard pour nous faire nous croiser à nouveau et nous dire... et nous dire quoi ? Les professions, appelons ça comme ça, les amours, les désamours, les déménagements, les petits événements, les grands bouleversements.
Je t'aurais regardé t'éloigner de ta démarche adolescente, tu ne m'aurais pas retenue non plus, après m'avoir dit A bientôt, alors ! car c'était ainsi que se concluaient nos rencontres fortuites.
Il a fallu traverser le meilleur, bien moins souvent le pire, et que nos peaux vieillissent pareil, avant de nous plaire à nouveau et de nous émerveiller tous les matins : pas de nous réveiller ensemble mais de savoir avec une certitude égale qu'il en sera ainsi tout le reste de notre vie.
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