Sur le bord de la table, on mange une viande, un légume. Je regarde par la fenêtre. Le ciel est déployé comme une nappe.Leslie Kaplan. Le livre des ciels.
mardi 30 avril 2013
Tuesday self portrait
lundi 29 avril 2013
dimanche 28 avril 2013
J'ai aimé ton rire
quand je t'ai dit que penser à toi était une activité à plein temps.
quand je t'ai dit que penser à toi était une activité à plein temps.
Tu avais l'air de parfaitement
comprendre ce que je voulais dire.
A l'ordinaire ce n'est déjà pas évident d'imprimer des traits dans le souvenir, de les fixer de manière définitive. Même un visage qui nous aimante, dans lequel nous aimons nous absorber, même celui-là se brouille après une absence de quelques jours et l'attente a beau s'efforcer de le restituer, il y a toujours un élément de surprise quand on le retrouve. Jamais tout à fait conforme à cette recomposition à laquelle s'est livrée la mémoire. Les traits sont flottants.Jean Rouaud. L'invention de l'auteur.
samedi 27 avril 2013
Je (leur) dis :
C'est pourtant dans ma langue qu'il m'a dit Je ne parle pas français.
Je ne pouvais pas lui répondre dans la sienne Je ne parle pas russe.
Je ne pouvais pas lui répondre dans la sienne Je ne parle pas russe.
Plus tôt, j'avais dit No hablo español.
Plus tard, j'ai précisé Não falo Português.
Le plus souvent, je pense Sumimasen.
vendredi 26 avril 2013
Le cabinet des rêves 120
Je suis femme de ménage ou gouvernante dans une maison dont les propriétaires -surtout le père de famille- sont menacés.
Le maître de maison, armé, vient glisser un document important sous mon matelas dans le but de le dissimuler.
Je lui dis que c'est vain : les hommes qui recherchent ce qu'il cache le trouveront sans mal.
Je pense que ce qu'il fait m'implique et que c'est injuste.
Rêve du 4 avril 2013
jeudi 25 avril 2013
Chroniques d'une chambre en ville
avant de savoir leurs prénoms
j'ai fait connaissance des quatre garçons
dont je partage la location
grâce à leur placard à provisions
mercredi 24 avril 2013
liberté grande
chaque jour est la page vierge d'un sketchbook, sans points à relier, sans dessein pré-tracé, sans autre monotonie que la poignée de fraises lavée le soir.Au fil des jours, je découvrais qu'il n'y a pas de milieu intérieur, mais seulement, demeurant ici, dans ma cellule, et sous leur forme mnésique, en quelque sorte en creux, les restes, les défauts, les artifices en quoi consiste le monde, et par quoi il trouve sa consistance. Je ne vivais plus dans un monde mais dans l'absence d'un monde et qui s'y présentait non seulement par défaut mais comme ce qui fait toujours défaut, et comme un défaut qu'il faut -plutôt que comme un manque.Bernard Stiegler. Passer à l'acte.
Et s'il fallait, s'il fallait vraiment définir le projet, alors ce serait d'éprouver la vacuité, de ne pas faire passer le temps.
mardi 23 avril 2013
Tuesday self portrait
Vous ne trouvez pas ça bizarre que ce petit moineau sale, au demeurant tout à fait insignifiant, puisse m'emplir de bonté et de tendresse, ce que jamais une poule n'a réussi à provoquer chez moi ? "Cot cot cot !" dit la poule en pondant peut-être un oeuf. "Cocorico !" lance le coq et c'est l'heure du petit déjeuner, de l'oeuf à la coque ou dur, mais alors de préférence accompagné d'un petit anchois.Chez les oiseaux de moindre taille, rien de semblable.Torgeir Schjerven. La Vénus buissonnière.
lundi 22 avril 2013
La couleur c'est le sang du peintre*
*Jean Messagier
Lorsqu'il est seulement bleu
je pense le ciel ennuyeux
et réalisé par un peintre paresseux
"Dans la peinture, la couleur sur la toile ne reproduit pas quelque chose,
elle offre une nouvelle image de ce qui, avant elle, n'était pas.
C'est un fard, sans visage à masquer."
Picasso.
dimanche 21 avril 2013
PASSER à L'OUEST
Au réveil, il n'y eut plus aucun doute* : je laisserais à la ville toutes ses autres chambres pour habiter celle, grande, dans laquelle le soleil se coucherait avec moi.
Au guichet, j'échangeai ma future adresse et un seul billet contre quelques auteurs, quelques chanteurs que j'emmenai au parc.
Les avions se succédèrent, dans le ciel bleu du Ritz. Je n'enviai la destination d'aucun d'entre eux.
*C'est vrai : je trace droit, c'est peut-être cela que tu as entendu dans ma voix.
samedi 20 avril 2013
vendredi 19 avril 2013
Le cabinet des rêves 119
-Je m'en doutais. Le rêve ne se laisse pas facilement apprivoiser.Carlos de Oliveira. Finisterra paysage et peuplement.
Mon père et moi sommes seuls au bord d'un lac.
Il n'y a pas de communication entre nous : il est entièrement dans le souvenir de son père à lui, ce qui le rend très nostalgique.
Plus tard, deux enfants rejoignent le lit de leur mère parce que le leur est ensanglanté (pour une raison que j'ignore).
Mon père fait la réflexion que lui, il ne quitterait pas son lit.
Comme il n'utilise pas le conditionnel passé, je le fais répéter : il parle comme s'il était encore un enfant ou pouvait encore l'être.
Comme il n'utilise pas le conditionnel passé, je le fais répéter : il parle comme s'il était encore un enfant ou pouvait encore l'être.
Plus tard encore, je dis à ma mère qu'il y a toujours un moment où un adulte doit choisir entre ses parents et ses enfants et que mon père, lui, a choisi son propre père.
Elle reste silencieuse mais ne me contredit pas.
Elle reste silencieuse mais ne me contredit pas.
Rêve du 4 avril 2013
jeudi 18 avril 2013
Mémoires d'une vie rangée
Les livres de philosophie sont très dangereux : pendant qu'on les lit, on se croit intelligent et puis, crac, quand on les referme, adieu jeunesse, on a cent ans.André, j'en parle en connaissance de cause : une de mes amies s'y est laissée prendre. Je la quitte un lundi, oui un lundi, elle avait gagné l'avant-veille un million au casino, elle était fraîche, légère, elle parlait de l'amour, elle avait des sentiments à revendre. Je la retrouve le samedi, oui, c'est cela, vendredi, samedi et, dès que j'entre chez elle, je vois qu'elle n'est plus la même. Il est vrai qu'au lieu d'être en train de téléphoner, elle tenait un livre. Je me suis dit : "C'est drôle comme ça la change".Louise de Vilmorin. Julietta.
mercredi 17 avril 2013
(dé)paysagée
Des cartons se sont vidés, des valises se sont remplies.
Je ne connais que la destination, pas l'itinéraire.
La fenêtre me donnera quelques leçons de paysage, à défaut de géographie.
Ni mes éveils, ni mes sommeils ne se fieront aux frontières.
Je ne connais que la destination, pas l'itinéraire.
La fenêtre me donnera quelques leçons de paysage, à défaut de géographie.
Ni mes éveils, ni mes sommeils ne se fieront aux frontières.
Dans 24 heures, ici sera Lisbonne, en (t')attendant.
Chant VIIComme est grandun pays où l'on arrive pourchanger de vie. Et comme cela est rare, sur une carte.Car il est des pays où les passions s'épanouissent plus(produits mieux adaptés à la nature du sol et à l'humidité ambiante),d'autres où l'on se rend pour faire fortune.Rares sont les pays où l'on va pour perfectionner son âme.Chant X109Un pays ne se consomme pas comme n'importe quelautre produit. Il n'a pas de date de péremption définitive.Cela dit, un homme peut se lasser d'un pays(voire d'un continent entier).ça suffit Paris, ça suffit l'Inde. Bloom veut Lisbonne.Gonçalo M. Tavares. Un voyage en Inde.
mardi 16 avril 2013
Tuesday self portrait
On entre par le dos des choses pour les surprendre. Si une image est un immeuble, vous entrez pour une fois par la porte de service.
Olivier Cadiot. Un mage en été.
lundi 15 avril 2013
L'anniversaire de la dépendance
A la fin
il n'est plus resté que l'image de ton passage.
Et puis
cette date du 15 avril qui sommeillait dans ma mémoire comme une princesse assoupie est devenue celle du premier anniversaire de tout le reste de notre vie. dimanche 14 avril 2013
vers le bleu
Le capot plongeant
m'a fait penser à une piscine à débordement.
J'ai conduit dans le ciel et dans le temps.
samedi 13 avril 2013
vendredi 12 avril 2013
Le cabinet des rêves 118
J'ouvre la porte de mon appartement et je prends des affaires sur le palier.
Une relativement grosse araignée s'en échappe.
J'en reste d'autant plus saisie qu'elle se dirige vers la porte.
J'attrape enfin un magazine afin de tenter de l'écraser mais chaque fois que je fais un geste, elle saute.
Elle finit par se trouver au-dessus de ma tête, dans l'embrasure de la porte.
Je me sens paralysée.
Rêve du 21 mars 2013
jeudi 11 avril 2013
Mémoires d'une vie rangée
Mon père abhorrait les logements encombrés. Une simple chaise l'incommodait. Il avait d'ailleurs à ce sujet une théorie originale. Les objets sont nos ennemis, on doit réduire leur nombre autant qu'il est possible. L'âme ne peut se révéler qu'au contact du vide. A quoi nous servent ces bibelots retenant la poussière, tous ces empilages décoratifs qui emprisonnent les atomes ténus de la pensée ?Robert Alexis. La véranda.
mercredi 10 avril 2013
mardi 9 avril 2013
Tuesday self portrait
L'ennui c'est peut-être que nous ne savons pas quoi faire de nos mains, a dit Costas.Contrairement aux pieds, aux yeux ou aux oreilles, les mains n'ont pas une mission bien précise. C'est à nous de leur fixer un but, de leur trouver une occupation. Nous apprenons un métier pour occuper nos mains. Nous apprenons à conduire pour la même raison. Les poches de nos vêtements permettent de résoudre provisoirement le problème, comme le komboloï ou la cigarette. L'occupation idéale nous est fournie par le corps féminin. Si nous n'avions pas ce problème, nous ne tomberions pas amoureux.Vassilis Alexakis. La langue maternelle.
lundi 8 avril 2013
Le temps de pose
"Ne trouves-tu pas que nos vies ont quelque chose d'exemplaire ?"
Ingeborg Bachmann. Lettre à Paul Celan
Alors, ce n'est pas seulement la journée d'hier que j'ai regardée d'en haut, comme depuis une montgolfière : mais nos vies entières et le dessin qu'elles esquissent dans le monde.Pas de hasards, pas davantage de coïncidences et même si le tracé paraît brouillon, nous savons où nous allons.Nous avons cela en commun : de savoir lire les cartes, pas les lignes de la main.
dimanche 7 avril 2013
samedi 6 avril 2013
il dit :
Tu sais bien que si notre fille venait me voir
-les mains en sang-
je lui poserais toutes les questions nécessaires
pour effacer ses traces
et
j'irais me dénoncer à sa place
à la police.
vendredi 5 avril 2013
Le cabinet des rêves 117
67Bloom continua. C'était le matin, mais la réaliténe lui suffisait pas, il raconta également des rêves et des épisodes imaginaires.Et sachant que les rêves mêlent différents styles littéraires,il faut s'attendre à des radiations, pour ainsi dire,moins claires dans les récits à venir,puisqu'un homme, quand il dort, est plus prochede l'astronomie que de son lità proprement parler. Pour le rêve, la réalitéest une intromission mal élevée.68Les hommes rêvent qu'ils déplacent les astrespour les installer là où il faut, comme il arriveparfois aux meubles, lorsque leurs propriétaires sont lassés de les voirtoujours à la même place dans la maison. Les rêves sontà la réalité ce que le vers ambiguest à la phrase d'un rapport fiscal : il y a plus de libertédans la première minute de sommeil que dans les vingt dernières années de veille.Gonçalo M. Tavares. Un voyage en Inde.
Je rends visite à M. qui vient m'attendre à la gare.
Je constate qu'il a la même taille que quand il était adolescent : environ une tête de moins que moi.
Je constate qu'il a la même taille que quand il était adolescent : environ une tête de moins que moi.
Il me fait à peine signe, me tourne immédiatement le dos et se dirige rapidement vers sa voiture.
Je comprends que je dois me dépêcher aussi. Mais je n'ai même pas le temps de monter avec lui, il part sans moi à cause d'une urgence (?).
Je me retrouve dans cet endroit parfaitement inconnu (sur le bord d'une route très passante), à me demander où je vais aller.
Je pense aussi : On va se voir un jour de moins.
Rêve du 28 février 2013
jeudi 4 avril 2013
Mémoires d'une vie rangée
La Basilique est entrée dans mon décor urbain comme les diverses tours sans cachet que je découvre aussi par ma fenêtre. Dans une certaine mesure, elle leur sert d'antidote. Elle esthétise ma vie quotidienne au sens premier, non mercantile, du terme, celui de m'apporter une impression de beauté au premier regard depuis ma table de travail. Une beauté à la belge, celle d'un ordinaire qui ne veut être qu'ordinaire et qui pour cela sans le faire exprès peut-être, ne cesse jamais de réchauffer un tant soit peu le coeur.Claude Javeau. L'ordinaire des paysages (belges).
mercredi 3 avril 2013
mardi 2 avril 2013
Tuesday self portrait
On dirait que le Temps a de nouveau cessé.Le Prince n'ose plus bouger, comme s'il craignait d'éveiller la Belle. Pourtant il se penche, très doucement, très lentement, et il dépose sur ses lèvres ce baiser qu'il désirait si violemment lui donner. Elle rouvre les yeux et durant une seconde c'est en effet comme si tout recommençait. Mais elle sourit et aussitôt les referme. Et c'est lui, maintenant, dans le silence, qui parle aux yeux fermés, et qui dit des choses dont on ne peut pas savoir s'il les murmure pour lui-même ou pour elle :"Et vous, où étiez-vous ? Que songiez-vous ? Quand vous dormez, songez-vous les mêmes choses que dans ce long sommeil que vous avez dormi ? Que songiez-vous alors ? Qu'y avait-il alors dans vos songes ? Etais-je là ? M'attendiez-vous ? Saviez-vous que je viendrais ? Pourquoi souriez-vous dans votre sommeil ?"Mais elle ne répond pas. Elle dort.Philippe Beaussant. La Belle au bois.
lundi 1 avril 2013
fossile
ils
m'alimentent
me cimentent
me sédimentent
si
VOUS
vous êtes
de chair
d'os
de sang
et d'eau
MOI
je suis
toute
de mots
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