C'est sa liseuse qui m'a renseignée sur sa nationalité. Sa peau laiteuse, certes, aurait pu aussi mais on les trouve ailleurs également, ces peaux-là, plus au nord encore, ces peaux jolies sous la pluie, que le soleil vite flétrit.
Certains voyages en bus renseignent presque autant qu'un interrogatoire de police.
L'intérieur de son sac à main m'a dit tout l'ordre, toute la méthode qui manquent au mien qui, pourtant, a en commun avec le sien mini-parapluie, crème pour les mains.
Au paysage par la vitre s'est substitué celui de son appartement que j'ai imaginé, fermé à clef.
Les rideaux tirés, un cardigan sur le dossier du fauteuil, la table de la cuisine nettoyée des miettes de son dernier petit déjeuner, la vaisselle depuis longtemps sèche dans l'égouttoir, le frigo presque vide sur lequel elle aimantera quelques photos du voyage qu'elle est en train de faire, les cris de la récréation de l'école d'en face car, pendant qu'elle est ma voisine dans le bus qui traverse l'île, la vie continue, chez elle mais sans elle.
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