L'accent se présente à la fois comme la trace d'une concession et comme un cadeau : aveu de faiblesse par le renoncement à la langue première mais offrande faite par celle-ci à la langue seconde. Car, en fait, il n'y aucune raison pour qu'une langue première s'efface devant une langue seconde, et la langue seconde aurait tort de se sentir malmenée ou offensée par un accent qui est d'abord le signe d'un désir, d'un intérêt pour elle. Toutes les langues, si différentes soient-elles, sont faites pour s'aimer et les accents projetés par les unes sur les autres prouvent que ces échanges amoureux, que ces croisements sont non seulement possibles mais féconds. Chaque langue a son économie phonologique et son autonomie, et l'on peut imaginer que chacune pourrait vivre an autarcie; mais la parole répond à une économie générale qui, sans les prévoir ni les réglementer, rend les échanges possibles sous réserve de cette taxe douanière ou de cette tolérance à l'importation qu'est l'accent.Alain Fleischer. L'accent une langue fantôme.
mardi 31 décembre 2013
Tuesday self portrait
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