A fréquenter les cafés sans parler français,
j'écris de la poésie minuscule en version originale.
Poema de mesa
Una vez a la semana voy a la pastelería
tomar un desayuno, escribir mi diario.
Solía hacer lo mismo cuando vivía en Lisboa,
cada mañana bajaba rapidamente la escalera hasta
la calle, hasta la pastelería.
No hablaba portugués pero me conocían
todos los camareros y sabían
lo que quería, siempre un café americano
a veces un bocadillo, a veces un huevo.
Allá también, escribía mi diario
notaba lo que nos decíamos, mi novio
y yo, durante una parte de la noche.
El aquí, yo allá, su cara, la mía,
cada noche en la pantalla.
Tiempo de exil, de ordenador, tiempo de empiezo,
en español ya sabía decir enamoramiento.
Aquí y ahora en Palma como en Lisboa
escribiendo mi diario miro
a la gente que sale, que llega,
estoy acostumbrada a mirar la vida
que, sin mí, siempre pasa.
*
Une fois par semaine je vais à la pâtisserie
prendre mon petit déjeuner, écrire mon journal.
Je faisais la même chose quand je vivais à Lisbonne,
chaque matin je descendais rapidement l'escalier jusqu'à
la rue, jusqu'à la pâtisserie.
Je ne parlais pas portugais mais tous les serveurs
me connaissaient et savaient
ce que je voulais, toujours un café allongé
parfois un sandwich, parfois un oeuf.
Là-bas aussi, j'écrivais mon journal
je notais ce que nous nous disions, mon fiancé
et moi, pendant une partie de la nuit.
Lui ici, moi là-bas, son visage, le mien,
toutes les nuits sur l'écran.
Temps d'exil, d'ordinateur, temps du commencement,
en espagnol, je savais dire énamourement.
Ici et maintenant à Palma comme à Lisbonne
en écrivant mon journal je regarde
les gens qui sortent, qui entrent,
je suis habituée à regarder la vie
qui, sans moi, toujours passe.