jeudi 22 janvier 2015

La vie des pages (14)

Pour d’autres que nous, pour d’autres que Véra et moi, la vie dans Notre Château serait triste et monotone. Nous ne sortons pas, nous ne recevons personne, nous passons nos journées à lire et relire les livres de Notre Bibliothèque. Je sors le jeudi, faire les courses et acheter les livres dont nous avons tellement besoin. Les livres encore les livres. Ils sont ce qu’il y a de plus important pour nous. Nous lisons encore et encore. Nous lisons toujours.
Elle est étonnante notre vie. Elle est extraordinaire, même. Rien de commun. Personne d’autre que nous ne pourrait mener une telle vie. Je sais que nous sommes uniques, Véra et moi.
Une vie que nous menons de manière très ordonnée. Une vie réglée. Une vie qui, chaque jour, est différente, même si identique. Une vie en attente.
Une vie doucement mélancolique.
Emmanuel Regniez. Notre château (extrait). 

Parfois il est bon être chez soi, rester chez soi, tendre le bras vers une étagère. 
Ou faire un emprunt, à l'enfant
-Tu as déjà entendu l'expression "kiri-oboeru" ?
-Quoi, demandai-je, surpris de l'entendre parler japonais. 
-C'est un vieil adage de samouraï qui signifie "abats ton ennemi et apprends".
Je secouai la tête. 
-Ca ne me dit rien. 
-Tsukahara Bokuden, Ittosai Itô, Musashi Miyamoto. Tous de fameux samouraïs à leur époque. C'était il y a cinq cents ans de ça. 
-Je crois que j'ai déjà lu un manga sur Miyamoto.
-Fichus gamins ! Incapables de faire la différence entre Bokuden et Botman.
Ferrell poussa un soupir exaspéré. Voilà qu'il en connaissait plus sur l'histoire de mon pays que moi, Japonais pur souche. 
Hiroshi Sakurazaka. All you need is kill.

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