Traduction libre d'un extrait de Don de gentes de Elvira Lindo.*Ecrire est regarder ou l'excuse pour regarder. Tous ceux qui vivent du conte devraient regarder jusqu'à avoir mal aux yeux. Moi, je justifie mon indiscrète curiosité en me disant à moi-même que je le fais pour vous.
On dit souvent que les personnes qui perdent l'usage d'un de leurs sens
: l'ouïe ou la vue
développent l'usage de l'autre
: la vue ou l'ouïe.
Le jour où je n'ai plus compris leurs conversations
j'ai commencé à regarder les gens autrement
à New York, (9 W 42nd St), |
à Lisbonne,
à Bruxelles,
ici, aussi,
qu'ils soient de là ou d'ailleurs,
j'imagine de la vie des gens
ce qui nous rend, tous,
banals autant qu'uniques :
Une cicatrice de varicelle, là. Une peluche aimée, égarée, jamais oubliée. Un parfum de glace préféré. Un zéro en géométrie. Un régime commencé, abandonné, recommencé, abandonné, recommencé, aband… Des larmes à la mort de la mère de Bambi. Une frayeur au volant. Un fard piqué au tableau. L'impatience du retour de chaque saison. Un cauchemar récurrent. L'habitude de colorer des oeufs à Pâques. Un mauvais souvenir de vacances.etc.
*Escribir es mirar o la excusa para mirar. Todos aquellos que vivimos del cuento deberíamos mirar hasta que nos dolieran las ojos. Yo justifico mi entrometida curiosidad diciéndome a mí misma que lo hago para ustedes.
Elvira Lindo.
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