Mon ami Toni Viler parle pour toute la classe paysanne insulaire quand il revendique le Ici, le droit de ne pas bouger. Il y a peu, un paysan de la plaine pouvait vivre et mourir sans avoir vu la mer.Le tourisme a seulement renforcé l'impression que tout arrive, qu'il ne faut pas partir le chercher; si on n'attrape pas ceci, on attrape autre chose.(…) A Majorque, il y a le cas curieux des migrants qui ne migrent pas, des gens qui ont abandonné leur terre mais pas leur territoire; qui ont pu voir le monde et faire fortune sans sortir de l'île.Discutant avec Toni Viler sur le fait de ne pas bouger, un visiteur allemand lui dit :-Mais Toni, si je n'avais pas voyagé jusqu'ici, nous n'aurions pas eu cette conversation.-Et si je n'étais pas resté ici, tu ne m'aurais pas rencontré.
Traduction libre d'un extrait de Un hogar en Mallorca (Un foyer à Majorque) de Tomás Graves.
Les serveurs de la terrasse ensoleillée se succèdent mais tous, ils finissent -plus ou moins rapidement- par savoir que ma commande ne varie jamais et ils me l'apportent sans plus me demander de la confirmer.
Les clients, autour de moi, ne devinent pas ma fidélité car, eux, ne font que passer.
Ils déploient leurs cartes en même temps qu'ils consultent la carte, ils les écartent quand on leur apporte leurs plats.
Ils me voient moins que moi, eux, je ne les vois.
Je suis l'invisible témoin de la manière de manger de nombreuses nationalités.
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