Puisque nous parlons d'exilés espagnols à Paris, je crois que le cas de Tomás Moll, un jeune orphelin cinglé qui avait fini par se transformer en véritable institution du Flore, peut mériter notre attention. Ayant hérité d'une grande fortune dans sa Majorque natale, le jeune Moll qui, du jour au lendemain, s'était retrouvé, à sa grande satisfaction suite à un accident, privé de toute sa famille, s'était aussitôt installé à Paris -il disait qu'il s'était exilé-, la ville de ses rêves.Il s'était installé ou exilé à Paris, cherchant à oublier les morts loqueteux et malpropres qu'il laissait dans son sillage (sa famille majorquine était très décadente, ce qui ne donne pas toujours, tant s'en faut, un brevet d'élégance) et y mener une vie de dandy ou de flâneur, deux façons de vivre impraticables dans son assommante ville de Palma de Majorque.Enrique Vila-Matas. Paris ne finit jamais.
De même que j'ai cessé de manger du ragoût de mouton, des pains aux raisins, de la galette des rois, des steaks tartares, de l'osso bucco, de la glace au yaourt, des daifuku mochis, des carrot cakes, des entrecôtes, du poulet à l'orange, du poulet tandori, du lapin au café, du lapin à la bière, des carbonades, des merguez, des chaussons aux pommes, des boulettes de viande, du fromage, du fromage de chèvre en feuille de brick, du boeuf au miel, du boeuf à l'orange, de l'irish stew, des poivrons marinés au miel et à la fêta, des pâtes au fromage, du gratin de macaronis, du pain de viande, du porc braisé à l'abricot, du porc à la figue, du gâteau au citron et au miel, des scones au fromage, des petits choux au fromage, du fromage blanc, de la tarte au sucre, de la tarte au citron, de la tarte aux fraises, des sorbets aux fruits, du couscous royal, du cheesecake, des frites, des……………. parce que je préfère à la réalité le souvenir que j'en ai, je n'éprouve plus l'envie d'être à Paris.
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