on m'a aimée, je crois, aussi pour ça.
Car je savais ne rien dire pendant que passaient les opéras, ne rien demander avant l'heure du goûter,
je savais ne pas bouger, je savais lire.
Mes étés furent belges et formateurs en ce qui concerne les biscuits aux flocons d'avoine, les livrets d'opéra en français, l'heure de levée du courrier, les baies de sureau le long des routes de campagne, l'heure de la sieste, les programmes de la RTBF, Femme d'aujourd'hui, les tomates farcies, les crèmes à la vanille, la rédaction de longues lettres, le goût de la solitude, de la vie lente.
Oui, évidemment. Mais à part ça ? Ma réponse : Je vis ! n'a pas l'air de les satisfaire, ceux qui haussent des épaules agacées après m'avoir demandé ce que je fais. Pourtant, d'après ce que je vois, ce n'est pas aussi évident pour tout le monde.
A part ça, je lis. Pas tous les jours.
Mais c'est comme si.
*J'emprunte son titre au recueil de critiques de Roger Nimier paru en 1965. Je trouve du charme aux livres d'avant : d'avant maintenant, d'avant ma naissance aussi. Celui-là évoque des auteurs qu'on lisait, qu'on ne lit plus, qu'on lit moins, qu'on lit encore, qu'on lit à nouveau. Et on y trouve cette citation de Julien Benda :
"Un jour, à déjeuner, ils parlaient, encore tout vibrants, de je ne sais plus quelle pièce qui avait fait fureur tout l'hiver. "Et toi, Julien, me demanda ma cousine, tu as vu cette pièce ? Tu ne me dis rien. -Mon Dieu, fis-je, je ne m'intéresse guère à ces choses dont je suis convaincu que dans six mois vous ne saurez plus qu'elles ont existé." Cette vérité, dite par un homme de vingt-deux ans, plongea la table dans la stupeur."
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