Je ne voyage pas : je déménage.
Bruxelles-ici, en passant par Lisbonne, une voiture y suffit.
Certains matins, à la Linière, bien avant la nécessité des cartons, des dons, je m'éveillais avec, au plus profond, ce besoin d'épure, de vide quand bien même ce que j'éprouvais tant le désir de jeter était invisible aux yeux, était en boîte.
Lettres d'amour, de désamour, de non-amour, j'aurais aimé les déposer entre les mains de ceux que je voyais, à la fin du marché aux puces, ramasser comme je le faisais aussi parfois : vieilles photos, anciennes enveloppes, vies de papier invendues et vouées aux pavés, déposer entre leurs mains les traces de moi trop souvent déménagées en leur souhaitant la plus inspirée des libertés pour inventer à ces écritures un nouveau destin, inventer à mes anciennes amours, mes jeunes amitiés une autre fin.
J'ai jeté beaucoup de lettres et les tiennes, quelques semaines sans doute avant que tu viennes sonner à ma porte, que signaient les mots d'amour que jamais pourtant, adolescents, nous n'avions prononcés, qui décrivaient les ambiances plus longuement que le manque que, lui, je connaissais pour éprouver le même.
J'ai inauguré un carnet dans lequel je dessine avec la nonchalance de celle qui n'en attend rien, je laisse venir les traits que m'inspirent les scènes domestiques, les fenêtres ouvertes, le sommeil animal et toi, toi sans les mains.
Quant aux ambiances, c'est toi qui en es toujours le spécialiste.
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