Je viens d'un temps où habiter de l'autre côté de la terre rendait précieuses les voix de mes grand-mères tellement elles étaient chères.
D'ailleurs :
quand ces voix me sont-elles devenues familières,
quand me suis-je habituée à elles malgré l'éloignement,
quand n'ai-je plus fait attention à leur accent
?
Car :
il est arrivé tôt dans ma vie ce paradoxe de l'accent
dont on me disait que c'était moi qui l'avais
alors que c'était dans la langue des autres que moi, je l'entendais
.
Je viens d'un temps ancien où l'on pesait ses mots afin de connaître le prix de l'envoi.
S'il y a une préhistoire à ce que nous sommes, la mienne est là :
malgré les offres des opérateurs, je suis de l'ère de l'écrit et ma mère, dont je n'entends la voix que quelquefois, m'a dit qu'elle relisait mes lettres.
Mais, l'autre fois, j'ai compté les semaines et de conclure par je te raconterai a joyeusement rendu très proche le jour d'aéroport où nous pourrons nous parler de vive voix.
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