mercredi 5 août 2015

Voyage autour d'une (autre) chambre. 10 : la sérendipité

C'est extraordinaire comment ce film a continué à se glisser dans ma vie des manières les plus inattendues. Ces dernières années, je me suis habitué à écouter de la musique d'ambiance -William Basinski, Stars of the Lid, ce genre de choses- pendant que je travaille (le bourdonnement, l'absence de rythme, m'aident à me concentrer). 
J'avais écouté le disque The tired sounds des Stars of the Lid une douzaine de fois et j'aimais toujours ce moment dans "Requiem for Dying Mothers, part 2" où un chien commençait à gémir. Je supposais que le chien se trouvait dans le studio et que les Lid avaient décidé de garder l'intrusion comme des choeurs canins fortuits. Plus tard, pendant que je l'écoutais pour écrire cette scène, je me suis rendu compte que les aboiements du chien étaient précédés d'une légère éraflure. J'ai écouté le passage encore une fois. Et une autre. Il n'y avait aucun doute, il n'y avait rien de hasardeux : les Lid avaient samplé l'aboiement avec lequel ce chien répondait au déplacement du verre sur la table ! *

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J'aurais adoré ça, une assistance informatique pour supporter ma jeunesse. Envoyer des mails, y glisser des liens, plutôt que m'épuiser à attendre des lettres. Entrer le nom d'un groupe, d'un morceau sur un moteur de recherche, l'écouter ad libitum plutôt que devoir supporter toute la programmation médiocre d'une radio en patientant pour l'entendre à nouveau. Pouvoir lire un texte introuvable en PDF plutôt que d'écumer en vain les caisses des bouquinistes. 
Pourtant, même si je n'ai aucune nostalgie du temps lent d'avant l'adsl, il n'y a ni frénésie ni téléphone mobile dans ma vie. 
C'est pourquoi j'ai dû attendre d'être rentrée chez moi pour écouter sur internet le double concerto de Brahms dont Anaïs Nin dit dans son Journal que je lis en bord de mer, qu'il est en train de passer sur son gramophone. 
Mais aussi, parce qu'elle fait allusion à Majorque en parlant du vent de Los Angeles, chercher sa relation avec l'île, apprendre qu'elle y a séjourné : à Deia 
comme Robert Graves









et qu'elle y a écrit un récit érotique

*Le livre de Geoff DyerZona : a book about a film about a journey to a room, un livre à propos du film Stalker de Tarkovski, est traduit en espagnol par Cruz Rodriguez Juiz et intitulé : Zona. Un libro sobre una película sobre un viaje a una habitación. C'est de l'espagnol que je fais une traduction libre. 

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