La caméra se déplace de l'Ecrivain sur le Professeur (avec son bonnet à pompon et la matière du manteau clairement mise au point) et sur Stalker et revient en arrière pendant que les trois scrutent les environs avec attention, perplexité, appréhension et, dans le cas de l'Ecrivain, l'insinuation d'une gueule de bois. Ce sont les visages -les expressions- des voyageurs n'importe où, depuis l'équipage de Colomb à la recherche des Amériques aux touristes dans un taxi entre l'aéroport et le centre d'une ville inconnue; du moins ceux de l'Ecrivain et du Professeur. Ils tentent de tout assimiler bien qu'ils ne soient pas sûrs que tout ce qu'ils voient diffère de ce qu'ils ont déjà vu ou de là où ils vont cesser d'être. Sincèrement, ils ne sont pas du tout sûrs que ce qu'ils voient mérite d'être vu, une sensation que tous, nous avons eue, en effectuant, hyperattentifs, le trajet universellement sans intérêt et désolé entre l'aéroport et la luxueuse promesse (hôtels, cafétérias) du centre urbain.*
*Le livre de Geoff Dyer, Zona : a book about a film about a journey to a room, un livre à propos du film Stalker de Tarkovski, est traduit en espagnol par Cruz Rodriguez Juiz et intitulé : Zona. Un libro sobre una película sobre un viaje a una habitación. C'est de l'espagnol que je fais une traduction libre.
Ça avait commencé à Tours.
6 mois
3 ans
5 ans
que j'y habitais et que toujours
au regard quotidien sur la ville
se superposait -à ma guise-
ma toute première vision
et pas seulement celle du jour où j'y étais allée chercher un studio
mais celle encore d'avant
de moi toute jeune fille
que la place Plum' avait émancipée.
Alors bien sûr
à Narita
et sans savoir combien de temps
j'allais vivre là
dans la navette vers Tokyo
il me fallait tout voir
tout garder
mais le manque de sommeil
et pas seulement celui des douze heures d'avion
mais celui encore d'avant
m'avait assommée d'un coup
et jusqu'à Shinjuku.
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