J'ai souvenir d'avoir suggéré un jour à un peintre de représenter une saucisse au foie, jusqu'aux moindres nuances de vérité. A-t-il jamais jugé bon de donner suite à ma proposition, je n'en sais rien, mais ce que je n'ignore pas totalement, c'est qu'il y a un certain temps, un artiste s'était établi dans un village joliment situé pour y travailler. Jeune, de peu de prestance encore, il avait fait de l'aquarelle, vaillamment et bravement. Mais à présent, il avait pour ainsi dire passé à l'huile. Entre autres, il pensait réaliser un paysage à l'huile, et je veux dire par là qu'il imaginait un portrait, dans la mesure où des ruelles, des champs, des labours, prairies, vignobles, lacs, etc. sont un peu comme des visages.Robert Walser. Le territoire du crayon. Microgrammes.
Il serait plus facile de calculer le nombre d'heures que j'ai passées à dormir depuis que je suis née que le nombre d'heures que j'ai passées derrière une vitre -de voiture, de bus, de train-, le nombre d'heures que j'ai passées à regarder par une vitre.
Car, enfant puis moins enfant, très tôt et encore maintenant, très tôt j'ai passé des heures à me demander C'est comment de vivre ici ? et parfois Mais comment peut-on vivre ici ? mais aussi à vouloir retenir, tout retenir et à tout prix mais comment mémorise-t-on un panorama ? Ici un arbre, là un bosquet mais quand le paysage est plat comme une table à repasser ?
Je suis physionomiste mais, s'il existait un diplôme en paysages, saurais-je en décrocher une mention ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire