Partout, tout autour de la chambre, le vent, la rumeur de la mer, des pas dans le couloir, des aboiements de chiens en bas. Dans la chambre, un silence très épais et au milieu mon coeur qui bat. Il me reste mon coeur qui bat toujours, toujours. Près de la mer, en plein jour, c'est autre chose. On est dans la main de la mer. On est ce plaisir de respirer. Dans un ordre qui ne sent pas, on est ce rien de désordre qui sent. Une chose à constater la mer. On goûte alors comme une gourmande le bruit de son coeur qui bat. Alors qu'il pourrait ne pas… qui bat pour rien. Ou pour une raison qu'aujourd'hui ne contient pas. Qui bat pour rien. Car, chaque fois, aujourd'hui est un jour pour rien, qui n'aura pas son pareil. On est en vacances de soi-même qui ne sert à rien en attendant. Alors on existe pour le plaisir; on est présente à ce présent; les jambes n'y tiennent plus, elles veulent bouger et sont pleines de rires à secouer.
Marguerite Duras. La vie tranquille.
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