Qu'est-ce qui fait (re)venir nos souvenirs ?
Dans cette aurore gallicéenne, précocement évincée du sommeil, pourquoi ai-je pensé à Delphine A. ?
Et même, plus précisément : à la chambre de Delphine A. ?
Plus encore que la façade cossue de la villa financée par son dentiste de père, c'est sa chambre qui avait achevé de me convaincre que nous n'étions pas de la même classe.
Et même, plus précisément : sa table de chevet.
Pourquoi cette tablette en verre, somme toute assez laide, m'était-elle apparue autrement plus chic que tous les meubles hétéroclites et sans style qui peuplaient mon univers de l'époque ?
Si Delphine A. était venue chez moi, elle n'aurait, quant à elle, pas attribué le fatras de ma chambre à du mauvais goût mais elle y aurait peut-être vu une autre manifestation de ma personnalité qui lui faisait affirmer prophétiquement et sans que je comprenne pourquoi : "Toi, tu seras philosophe".
Quand me (re)venaient ce genre de souvenirs-là, avant, je me demandais ce qu'il leur restait de moi, aux gens et si, d'ailleurs, ils se souvenaient de moi, parfois.
Maintenant je sais que oui, c'est arrivé : au moins une fois. C'est d'ailleurs pourquoi j'habite là.
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