Qui aime ne s'attache pas seulement aux "défauts" de l'être aimé, pas seulement aux tics et faiblesses d'une femme, mais aux rides de son visage, à ses grains de beauté, ses vieux vêtements et sa manière d'avancer de travers, bien plus durables et inflexibles que toute beauté. Nous l'avons appris il y a longtemps. Et pourquoi ? Si est vraie cette théorie qui dit que la sensation ne se situe pas dans la tête, qui dit que nous ressentons la présence d'une fenêtre, d'un nuage, d'un arbre, non pas dans le cerveau, mais au contraire à l'endroit même où nous les voyons, alors nous sommes à la vue de l'être aimé hors de nous-mêmes. Mais ici, et très péniblement, tendus et écartelés. Le sentiment aveuglé volette tel une nuée d'oiseaux dans l'éclat de la femme. Et comme les oiseaux cherchent un abri dans les caches feuillues des arbres, les sentiments s'enfuient dans les rides ombreuses, les gestes sans grâce et les tares qui n'ont l'air de rien du corps aimé, où ils se tapissent, bien à l'abri, dans le refuge. Et aucun passant ne devine que c'est ici, justement, dans les insuffisances, les choses blâmables, que se niche, rapide comme la flèche, l'élan amoureux du soupirant.Walter Benjamin. Sens unique.
mardi 30 septembre 2014
Tuesday self portrait
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