jeudi 12 février 2015

La vie des pages (17)

Les premiers mots que j'ai appris en espagnol, la maxime de Ortega y Gasset, qui se rapproche de la déclaration d'un samurai :
                                  JE SUIS MOI ET MA CIRCONSTANCE.
J'aimais répéter cette phrase. Je l'avais écrite au stylo sur sa table de lecture et, à côté, les kanjis de la traduction japonaise.
José Luis de Juan. La vida privada de los verbos.
Si on les écoute, les livres nous guident dans les allées autrement qu'en suivant l'ordre alphabétique. 
Le poète commence là où finit l'homme. Le destin du second est de vivre son itinéraire humain. La mission du premier d'inventer ce qui n'existe pas. C'est ainsi que se justifie le métier du poète. Le poète accroit le monde, ajoutant au réel, qui existe déjà par lui-même, un continent irréel. Auteur vient de auctor, celui qui accroit. Les Latins appelaient ainsi le général qui gagnait un nouveau territoire pour la patrie.
José Ortega y Gasset. La déshumanisation de l'art.

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