Le temps est lent et noir et blanc dans la maison où chats et meubles semblent par moment plus vivants que les humains.
La petite Nathalie Granger a des yeux de sauvageonne mais ses mains dociles sur le clavier font penser que son avenir n'est peut-être pas aussi incertain qu'on pourrait le croire.
A la fin, fatiguée de désoeuvrement, indifférente au monde, elle dort comme un petit animal.
Lundi est encore loin.
A la fin, fatiguée de désoeuvrement, indifférente au monde, elle dort comme un petit animal.
Lundi est encore loin.
(Nathalie Granger est un film de Marguerite Duras)
Marguerite Duras : La caméra reste, devant la table, bêtement, on pourrait dire, oui, bêtement. La table rend compte d'autre chose, d'un tout, de la vie... Peut-être j'allais dire de la vie, d'une vie à un niveau plus bas, d'une vie à un niveau plus bas, d'une vie encore plus;.. encore plus... physique, voyez-vous, de la maison. On voit, de même, à un moment donné, la radio, seule, sur une table, il y avait du soleil là.
Xavière Gauthier : Livrée à elle-même. Mais je crois que, justement, après avoir vu le film, des tas de gens peuvent découvrir ce que ça peut être qu'un travail de femme, de ménagère, enfin de ce que les femmes font à la maison. Et pourquoi ?
Marguerite Duras : C'est le temps, le passage du temps : on mange, les enfants partent à l'école, le mari s'en va, on téléphone, les deux ou trois petites corvées, on dessert la table, on lave la vaisselle, la vaisselle est rangée, et puis toc... C'est le vide, c'est le loisir, elles ont deux ou trois heures devant elles, vides, voilà.
Xavière Gauthier : Je me demande si le temps pour un homme est le même que pour une femme. Mais ça parait absurde dit comme ça.
Marguerite Duras et Xavière Gauthier. Les parleuses.
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