vendredi 19 juillet 2013

Le cabinet des rêves 132

Il souffle depuis deux jours ce vent, qui fait faire des rêves comiques. 
Jean Paulhan. Lettres à Francis Ponge.
Je suis chez M. 
Je vois son chien, jeune et un peu fou et sa compagne m'explique qu'ils l'ont appelé Natali (sans e) parce que c'est un nom qui a la réputation de calmer les chiens. 
Elle est enceinte de quelques mois et porte un pull long et moulant qui souligne joliment son ventre un peu rond. 
D'abord indifférente à mon égard, elle semble, cependant, vouloir se prévaloir de sa grossesse auprès de moi particulièrement, comme si elle estimait avoir besoin de me prouver que M. était "à elle".
Elle me devient, ensuite, complètement hostile, lorsqu'elle comprend que M. est décidé à me raccompagner à la gare. 
Je tiens à prendre une douche avant de partir et je suis dans la salle de bain mais je l'entends l'invectiver, dans une scène de jalousie à laquelle il ne réagit pas.
Il est anxieux parce que le temps passe et qu'il pense qu'il faudrait qu'on se dépêche pour que j'aie mon train. Mais, surtout, il reste silencieux, prostré, comme s'il était accablé d'une immense tristesse que rien ne pourrait consoler.
En entendant crier son amie, je pense qu'elle n'a aucune raison d'être jalouse de moi puisque je ne fais que passer et que je n'ai aucune prétention vis à vis de M.
Pourtant, je connais la raison de son état et je devine que leur relation ne sera jamais la même après ce que nous avons vécu ensemble, avant qu'elle arrive : un moment d'une rare et immense et évidente sérénité, sans parole, sans geste. Un sentiment fort tout autant que paisible dont je sais qu'il va continuer à nous habiter longtemps, ce qui me remplit -au contraire de M.- d'une joie tranquille.

Rêve du 26 février 2013

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