dimanche 14 juillet 2013

Le temps de pose

On dirait que le dimanche matin accroît le beau temps. Deux intensités hétéroclites se renforcent l'une l'autre. 
Roland Barthes. Journal 17 juillet 1977.
Près du fleuve je pense à l'autre fleuve.

Le pont de fil tremblait sous nos pas. J'allais en son milieu afin d'y ressentir mieux l'air
mais de l'air cet été-là il n'y en avait pas.
La nuit lui au grenier moi en bas mais quel que soit l'étage
le sommeil cet été-là n'existait pas.

Cette ville j'en rêvais quand j'écrivais son nom sur mes jeunes lettres sentimentales.
Et dix ans après : les petites pâtes en forme de lettres au lieu du riz sur le perron de la mairie.
Par deux fois lieu de mes amours, comment alors était né ce si grand désir de la fuir ?

Soudainement ? 
Progressivement ?
Les rues n'avaient plus eu de charme, nos pas n'avaient plus eu de but.
Nous attendions avec une incontinente impatience le temps du gros scotch marron.

De l'expérience nous fîmes une leçon et l'habitude nous vint de spéculer
Et après ?
Où ?
Quand ?
Sans cesser de faire grimper les bibliothèques sur les murs de nos maisons, nous nous tenions intimement prêts à tout ranger à nouveau dans des cartons.

Je partirai d'ici sans porteur, mes malles suivront.
Mais cette fois, je le sais, il n'y aura pas d'urgence à quitter le lieu où je vais aller (me) poser.

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