Mon entrée interrompit de la Mare, qui faisait le long récit d'un rêve dans lequel il avait vu Napoléon avec des yeux de rubis, etc. Voilà Yeats lancé, avec véhémence, même, s'enflammant et pataugeant un peu, sur le chapitre des rêves; ceux qui sont en couleurs sont rares et veulent dire… je ne me souviens plus quoi. De la Mare raconta un autre rêve, très mystérieux, concernant un livre plein de cercles; le cercle extérieur noir, le cercle intérieur bleu et ainsi de suite. Yeats l'identifia aussitôt comme un rêve que fait l'âme quand elle est en proie à un état particulier; je ne sais plus lequel. Il dit que Tagore lui avait raconté que, jeune homme, il avait une fois eu un rêve qui, s'il parvenait à le retrouver, ne le quitterait plus. Ils passèrent ainsi aux états de rêve et aux états de l'âme, comme d'autres parlent de Beaverbrook et du libre-échange; enfin de sujets banals.Virginia Woolf. Journal. Samedi 8 novembre 1930
Je suis dans une salle de classe dont le fond n'est pas éclairé.
Je fais faire de la grammaire à des collégiens qui me sont indifférents -mais moi aussi, j'y suis indifférente- ou hostiles.
Un de mes collègues me dit que les syndicats sont mécontents de moi parce que je ne fais pas faire d'improvisations aux élèves et je pense : Ah mais oui ! C'est vrai ! J'avais complètement oublié que je pouvais faire ça !
Plus tard, à la fin du cours, je me heurte aux filles du fond -les réfractaires- et, en discutant, on s'aperçoit qu'elles n'ont aucune raison à cette mauvaise humeur !
Sur le tableau, il y a un petit mot fleuri de mon collègue -plus âgé- qui leur est destiné.
Je leur dis -et on en rit- : Il n'y a que les vieux pour vous aimer !
Rêve du 13 juillet 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire