, un soir, aussi, où on avait pris un verre à l'hôtel
, tout le temps, en fait.
Sur le bateau du retour, donc, la femme, là, qui me tournait le dos, était sur ton dessin mais c'était l'homme, plus loin, l'homme face à la mer, dans une position qui, quand j'ai regardé ton carnet, m'a rappelé celle de la sculpture de Borja
, c'était l'homme, au centre de ton dessin.
Et cette femme, donc, sur le bateau du retour, qui me tournait le dos, parlait d'une voix basse et un peu inquiète à son téléphone.
Sur sa table une canette de bière, une petite bouteille de vin, un grand paquet de chips m'avaient fait croire qu'elle attendait quelqu'un mais non et, ensuite je t'ai dit, j'en aurais mis ma main à couper qu'il s'agissait d'un chagrin.
Et hier, encore, sur le banc au parc, une Allemande à peine assise près de son mari qui l'attendait et qui s'est relevée pour se diriger droit vers toi et te demander si tu étais bien celui qu'elle pensait mais non tu n'étais pas celui-là, était-ce vraiment son mari ?, mais, sinon, qui ? c'était la question que nous nous posions, de notre côté.
Et le soir où on prenait un verre à l'hôtel, donc, le soir où pas une table n'avait échappé à nos suppositions, nos paris familiers et où j'avais regretté, en me levant, de ne pas pouvoir aller leur demander, à ces gens : est-ce bien cela, votre histoire ?, ce soir-là, tu m'avais dit Mais c'est comme au cinéma, quand la fin du film est ouverte ! et rien que ça, ça m'avait consolée.
Car, tout le temps, nous imaginons, nous brodons, nous développons, sans jamais savoir.
Et cette femme, sur le bateau du retour, je n'ai pas vu son visage et, bien avant l'entrée au port, sans cesser de me tourner le dos, elle est partie et je pensais ne jamais la revoir et pourtant.
Et pourtant je l'ai reconnue, son dos, elle, quand elle a serré dans les siens l'homme qui la serrait dans ses bras, qui souriait, qui l'embrassait, qu'elle embrassait.
Ils sont montés dans la voiture décapotée sur le parking du port, ils allaient bien ensemble, j'ai trouvé.
Toutes ces histoires, je ne jure plus de rien, j'ai mes deux mains.
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