Ce devait être là le véritable but de son incarcération : il fallait lui faire oublier son rêve. Cet interrogatoire harassant, jour et nuit, l'interminable procès-verbal, la quête de prétendues précisions sur une de ces visions qui, par nature, ne peuvent jamais être précises, jusqu'à ce que le rêve se désagrège et finisse par se dissoudre irrémédiablement dans la mémoire de son auteur ; Autant dire un lavage de cerveau, pensa Mark-Alem. Ou un dérêve, si l'on peut se permettre un pareil néologisme, de la même façon qu'on dit déplacement comme antonyme de placement, déraison comme contraire de raison.Ismaël Kadaré. Le palais des rêves.
L'employée du consulat (de quel pays ?), sans que je sache pourquoi (à aucun moment elle ne consulte mon CV ou cherche à me rencontrer pour un entretien) me propose de remplacer une enseignante absente.
Sans que je sache pourquoi non plus, j'accepte et me retrouve dans une classe dont les élèves font tous, seuls ou à plusieurs, un sketch pour se présenter et me permettre de retenir leurs prénoms.
Alors que plusieurs d'entre eux ont déjà fait leur spectacle dans un désordre et un brouhaha fatigants, je m'aperçois que, malgré cela, je suis bien incapable de les nommer.
Une élève arrive en retard et je l'entends demander à une autre qui je suis, pourquoi on parle français en classe et ce qu'il s'y passe.
J'apprends, grâce à leur conversation, qu'il s'agit d'un cours de science-éco qui, d'habitude, se déroule en anglais et dont certains élèves craignent que le programme ne soit pas bouclé pendant l'année.
Je me sens totalement incompétente dans cette situation sans, pour autant, paniquer ou être vraiment inquiète : ce n'est pas moi qui ai demandé à être là, je ne me sens responsable de rien.
Plus tard, je vois E. et, comme je lui dis qu'un des élèves m'a indiqué où il stockait sa réserve d'herbe et m'a invitée à me servir si j'en avais envie, il me suggère d'en profiter et de le faire.
J'essaie de prendre une dose le plus discrètement possible : je n'ai pas envie que l'élève s'en aperçoive et, en plus, la cachette est à portée de vue du consulat.
E. prépare un joint que nous fumons -moi à peine- près d'un lotissement dont les maisons sont dévolues aux enseignants de l'école.
Rêve du 16 février 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire