Un matin, Don Luis me conseilla de commencer à lire. Il donna à Asegurada une liste de livres et lui dit de me conduire en ville à la librairie. J'étais calme et assez heureuse devant une telle quantité de livres parmi lesquels je pensais pouvoir choisir librement. Pourtant je dus convenir brusquement que ma main allait dans une direction opposée à celle de ma volonté et qu'elle prenait des livres dont je n'avais aucune envie. Je vis alors Asegurada debout derrière moi, figée dans son attitude d'aspirateur. Chaque fois que je sortais un livre des rayons, je consultais la liste, espérant que le titre ne s'y trouverait pas, chaque fois j'y lisais le titre de ce livre. Je la priai alors de laisser mon cerveau tranquille réclamai avec violence la liberté de ma volonté. Je fis le chemin de retour dans un grand état de rage; Asegurada restait passive, insensible, comme retirée de la scène. Don Luis apparut dans ma chambre aussitôt après mon arrivée. Je lui criai : "Je n'accepte pas votre force, à tous, contre moi je veux ma liberté d'agir et de penser; je hais et repousse vos forces hypnotiques." Il me prit par le bras et m'emmena dans un pavillon désaffecté :-Je suis le maître, ici.-Je ne suis pas propriété publique de la maison. J'ai, moi aussi, des pensées et une valeur privée. Je ne vous appartiens pas.Et, brusquement, je fondis en larmes.Leonora Carrington. En bas.
mardi 28 avril 2015
Tuesday self portrait
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