dimanche 12 octobre 2014

Street scent

Catherine Lawless : As-tu déjà peint devant quelqu'un ?
Joan Mitchell : Simplement en école. Sinon, est-ce que l'on fait l'amour, est-ce que l'on chie devant quelqu'un ? Moi je suis puritaine. 
Catherine Lawless : Que penses-tu de la représentation des ateliers de Delacroix, de Courbet, où l'artiste reçoit pendant qu'il peint ?
Joan Mitchell : J'ai souvent pensé à cela, à ces salons où autour du chevalet on parle, on commente, on disserte… 
Est-ce que l'ont peut saisir Balzac en train d'écrire ou Victor Hugo en train de penser ? Je me demande si ce n'est pas parce que l'on a toujours considéré la peinture comme le jardinage, c'est-à-dire comme une activité non intellectuelle soi-disant, que l'on a peint ou aujourd'hui filmé des artistes en train de "jardiner", c'est-à-dire de peindre. La peinture n'est peut-être pas vue, même aujourd'hui, malgré les modernes, comme le fruit d'un travail de pensée, d'intériorité, de réflexion. 
Catherine Lawless. Artistes et ateliers
Cette fois, c'est dans le couloir que nous avons fait salon, à notre retour de la mer, car tout nous est bon, tous les lieux de la maison pour y dérouler nos conversations.
Cette fois, c'est d'ombre et de lumière que tu voulais me parler car tu en avais lu une convaincante définition dans ton livre de la veille.
Et la veille, justement, je t'avais accompagné et, depuis notre comptoir familier, je t'avais regardé, de loin. La nuit était tombée et tout était plongé dans l'obscurité que, seul, le lampadaire ne parvient pas à chasser, tout était sombre sauf ton visage et ta main qui courait sur le papier, soulignés par le spot que tu avais allumé.
De loin, tu ressemblais à un tableau, animé.

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