J'ai été un enfant maladif; un adolescent à maladie; un jeune homme avec des maladies. D'où, aussi, le vice la lecture. On commence à lire quand on est malade et on finit par tomber malade si on ne lit pas.
J'ai recroisé cette citation dans un de mes carnets, il n'y a pas longtemps. Si j'avais noté le nom de son auteur -José Carlos Llop- je n'en avais pas mentionné la source.
Relisant des fragments des Assises du roman de 2008 -Le roman, quelle invention !-, un livre dont je sais, pour l'avoir écrit sur sa page de garde, que je l'ai acheté en 2009 à Bruxelles alors que je n'y habitais pas encore, j'y trouvai, sans l'avoir cherché, cet extrait, sur une page que j'avais cornée.
L'intervention de José Carlos Llop s'intitule Les choses et débute ainsi :
"J'aime mes choses", dit la baronne Blixen dans le salon de sa maison africaine. Nous connaissons ses mots grâce aux pages d'un livre. J'aime mes choses. J'ai écrit ces mots sur un papier que j'ai retrouvé dans mon portefeuille. Un portefeuille, c'est une biographie. J'ai écrit ces mots -j'aime mes choses- dans l'obscurité d'un cinéma aux échos parisiens, le cinéma Rivoli. De retour à la maison, j'ai cherché dans ma bibliothèque La Ferme africaine, le livre dont est tiré le film Out of Africa. La phrase était là, soulignée par moi depuis longtemps. Je ne me rappelle pas avoir souligné cette phrase lorsque j'ai lu le livre.
Depuis que j'ai lu ce texte la fois où j'ai pris note de la citation, j'ai
- quitté le Japon pour aller habiter à Bruxelles
- quitté Bruxelles pour venir habiter à Majorque
- appris que José Carlos Llop était un auteur majorquin
- su qu'il n'était jamais allé en Belgique ("Au petit matin, en rêve, j'ai traversé la Belgique en voiture, un pays où, évidemment, je ne suis jamais allé de ma vie.")
- lu un volume de son journal intitulé El Japón en Los Angeles
- mais aussi le journal d'Enrique Vila-Matas dans lequel il dit qu'il lit celui de José Carlos Llop
- vu un film au cinéma Rivoli
- croisé José Carlos Llop, plusieurs fois, dans la rue
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