Mais qu'est-ce qu'il fait avec tous ces tubes de peinture ?! Quant à moi, évidemment, je ne les avais pas remarqués. Je dis évidemment parce que, le matin même, Tu as vu le tatouage qu'elle avait sur le bras ?!, et non, évidemment : de la jeune fille que nous venions de croiser, je n'avais noté que l'air revêche qui m'informait plus sur son âge que sur sa véritable humeur. Tu as besoin de tes lunettes pour voir net ce que je vois bien sans les miennes, c'est peut-être ce qui rend nos visions du monde si complémentaires. Alors les tubes de peinture sur la couverture du livre que je lisais, non, je ne les avais pas davantage remarqués que la fleur sur le bras de la jeune fille. De la photo, j'aurais pu dire qu'elle représentait un homme âgé, portant un chapeau, en train de peindre un paysage, face à des maisons. Elle paraissait authentique mais tous ces tubes de couleurs bien rangés, même pas entamés, c'est vrai : la changeaient en véritable publicité, à croire que Winston Churchill n'était pas en train de peindre mais de poser en train de peindre. Il faut savoir se délasser l'esprit, affirme-t-il dans son livre Painting as a Pastime et, pour qui la lecture n'éloigne pas tant du travail et qui ne peut pratiquer de sport sans dommage, la peinture est une enrichissante occupation dans laquelle on peut débuter, comme il l'a fait, à quarante ans, avec un plaisir exempt d'enjeu. Il est bien, ce livre ?! Mais Churchill n'a rien à t'apprendre, toi qui connais depuis longtemps les vertus de la peinture et qui, après avoir atteint les limites du sport, t'es mis à lire à quarante ans.
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