dimanche 28 décembre 2014

Every time you go away

-J'ai besoin de te prendre dans mes bras, maintenant.
-Demain, un baiser.
-Un autre très long, dit Goyo.
Après avoir raccroché, il regarda le mur où un miroir rectangulaire lui renvoya son visage enfantin. Il sentit qu'il allait éternuer et au moment de le faire, il essaya de ne pas fermer les yeux. Impossible. Goyo était là de nouveau. Parler au téléphone était parfois désespérant. Il savait que les hésitations de Eloïse ne participaient à aucune stratégie et avec sa voix seule, il se sentait incapable de la tranquilliser. Il avait besoin de la toucher.
Il se mit debout. Nerveux, il se dirigea vers la porte. C'était de la chimie, pensait-il, les enzymes, la bouche de l'estomac. Un phénomène physiologique comme n'importe quel autre : le corps s'altérait quand on tombait amoureux. Il aurait pu étudier comment cette altération avait lieu, il aurait pu savoir comment se mettait en marche le mécanisme, mais il préférait l'ignorer. Il y avait l'assemblée et les algues et la vie mais aussi le désir d'une reddition sans conditions et il connaissait le lieu où c'était possible : le corps de Elo, dans ses bras.
En sortant de la chambre, il revint se voir dans le miroir, il semblait avoir un corps fermement constitué, rien ne ferait penser à qui le verrait que le manque de Eloïse avait creusé des trous à l'intérieur, des creux où battait une douleur agréable, douce et supportable sauf que, de temps en temps, des bulldozers perçaient une nouvelle zone de son corps.
Traduction libre d'un extrait* de El padre de Blancanieves de Belén Gopegui. 

Je me suis endormie juste après ta voix. 
J'ai rêvé de chatons et ils avaient besoin de moi. 
Mes réveils ne ressemblent à rien sans toi.


*-Necesito abrazarte ahora.
-Mañana, un beso.
-Otro muy largo -dijo Goyo.
Después de colgar, miró hacia la pared en donde un espejo rectangular le devolvió su cara aniñada. Sintió que iba a estornudar y en el instante de hacerlo intentó no cerrar los ojos. Imposible. Allí estaba Goyo de nuevo. Hablar por teléfono era desesperante a veces. Sabía que las vacilaciones de Eloísa no formaban parte de una estrategia y sólo con su voz se sentía incapaz de tranquilizarla. Necesitaba tocarla.
Se puso de pie. Nervioso, se dirigió a la puerta. Era la química, pensaba, las enzimas, la boca del estómago. Un fenómeno fisiológico como cualquier otro : el cuerpo se alteraba durante el enamoramiento. Podría estudiar cómo se llevaba a cabo esa alteración, podría saber de qué manera se ponía en marcha el mecanismo, pero qué hacía con la necesidad de no saber. Existían la asamblea y las algas y la vida, pero también el deseo de una rendición sin condiciones, y él conocía el lugar donde eso era posible, el cuerpo de Elo abrazado al suyo.
Al salir de la habitación aún volvió a verse en el espejo, parecía tener un cuerpo firmemente unido, nada haría pensar a quien le viera que la carencia de Eloísa había excavado hoyos en su interior, huecos donde latía un dolor placentero, suave y soportable si no fuera porque, de tanto en tanto, las palas excavadoras horadaban una nueva zona de su cuerpo.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire