vendredi 26 décembre 2014

Le cabinet des rêves 207

C'est ainsi, par exemple, que certaines voix affirmaient que le rêve, en tant que vision privée et solitaire d'un individu, témoignait seulement d'une phase transitoire de l'humanité, que viendrait un temps où il perdrait cette spécificité, et tout comme les autres faits et gestes de l'homme, deviendrait également perceptible à tous. Bref, de même qu'une plante ou un fruit demeure sous terre pendant une certaine période avant d'apparaître en surface, les rêves de l'homme étaient pour l'heure immergés dans le sommeil, ce qui ne voulait pas dire qu'il en irait toujours ainsi. Un jour, les rêves émergeraient à la lumière du jour et viendraient occuper toute leur place dans la pensée, l'expérience et l'action humaines; quant à savoir si cela serait bien ou mal, si le monde s'en trouverait chagé en bien ou un mal, cela, Dieu seul le savait. 
Ismaël Kadaré. Le palais des rêves.
Un homme de grande stature, élégant, aux cheveux blancs (un peu trop longs), m'aide à faire quelque chose (quoi ? récupérer un de mes carnets qui m'avait été dérobé, je crois). 
Il vient me rejoindre au fond d'un jardin, au bout d'une allée que nous remontons ensemble. 
Il m'a pris la main et je le laisse faire. 
Je me penche au-dessus d'un puits. 
Je ne sais pas ce que j'y fais mais, quand je relève la tête, j'ai les lèvres couvertes de sable. 
Je ris un peu parce que ce n'est pas très commode et j'en avale un peu en voulant m'en débarrasser. 
L'homme m'en enlève du bout des doigts, me dit que ça lui donne envie de m'embrasser et me demande : Qu'est-ce que ça fait d'être une femme fatale ?
Je ne réponds pas mais ça ne me fait rien, absolument rien.

Rêve du 22 novembre 2014

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