jeudi 26 novembre 2015

LA MAUVAISE FOI

Un garçon à vingt pas de moi m'a regardé avec une lueur de crainte dans les yeux. J'ai pensé qu'il remarquait ma colère. Quand nous allions nous croiser, il s'est arrêté et, dans un espagnol vacillant, il m'a demandé si j'avais du feu. Oh, son adorable peur ne venait pas de mon visage mais de son incertitude. C'était peut-être la première fois qu'il osait aborder un étranger pour lâcher sa première phrase dans notre langue. J'ai fouillé mes poches et sorti mon briquet. Je le lui ai offert comme récompense pour ses progrès dans une langue étrangère.
Traduction libre d'un extrait* de Tanta gente sola de Juan Bonilla.


Plutôt que d'apprendre la conjugaison des verbes irréguliers
j'ouvre un essai, j'ouvre un roman
en me disant
que lire en espagnol, c'est aussi étudier.
*
Un muchacho a veinte pasos de mí me miró con un brillo de temor en los ojos. Pensé que se me notaba la cólera. Cuando íbamos a cruzarnos se detuvo y con vacilante español me preguntó si tenía fuego. Oh, su adorable temor no procedía de mi rostro, sino de su inseguridad. Tal vez era la primera vez que se atrevía a abordar a un extraño para soltar su primera frase en nuestra lengua. Me registré los bolsillos y saqué mi mechero. Se lo regalé como premio a sus progresos en una lengua extranjera.

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