mercredi 11 novembre 2015

L'identification (10 : un réveil hyperréaliste)

Ma mère, quand nous allions au musée, me disait que la peinture paraissait avoir évolué à rebours; que si un extraterrestre entrait dans un musée, il supposerait que les tableaux abstraits étaient antérieurs, de quelques siècles ou milliers d'années de la Renaissance. A moins que l'extraterrestre ressemble à un triangle jaune collé à une surface plane bleue.*

*Saliendo de la estación de Atocha est un roman américain de Ben Lerner que je lis dans sa version espagnole grâce à la traduction de Cruz Rodríguez Juiz. Il existe en français, traduit cette fois par Jakuta Alikavazovic et publié aux éditions de l'olivier.




Il m'avait dit Tiens, mets-toi là ! et il m'avait fait pivoter jusqu'à ce que je sois dans la bonne direction, la direction de quoi ? que je puisse voir, voir quoi ? car il m'avait dit aussi Regarde ! 
Il était encore tôt et la nuit avait été, à peu de choses près : blanche


et nous tâchions de nous éveiller en même temps que la ville. 
Il m'avait dit Regarde ! alors je regardais : l'avenue, large et pas encore si fréquentée mais dont on devinait que, quelques heures après, elle ne serait plus visible, à travers le flot de voitures. 
C'est la Gran Via ! C'est là exactement ! 
Plus tard dans la journée, dans les pages d'une librairie, il me montra où nous nous étions trouvés mais ce n'était pas sur un plan, pas dans un guide de la ville. 
Je n'ai gardé aucun souvenir de l'aéroport, dans le bus je somnolais, aussi je peux dire que la toute première impression que je garde de Madrid est d'avoir été dans un tableau.
La Gran Via est un tableau de Antonio López. 
Il parle de son travail dans un film à voir ICI

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