Après mon repas, le manche de mon couteau dépassait de mon sac, c'est peut-être pour ça qu'ils m'ont regardée bizarrement : moi, lisant tranquillement sur un banc, munie toutefois de ce qu'ils pouvaient imaginer être un poignard qui m'aurait servi à transpercer un corps avant de le découper avec une dextérité de garçon boucher et sans m'ensanglanter, le corps d'un ennemi ou d'un ancien et vilain mari ou de la huitième maîtresse de mon amant ou un corps simplement innocent dont j'aurais rangé les tronçons sous le nom d'un autre, que plus personne ne vient pleurer.
Ils se sont dit ça ou peut-être rien, en passant devant moi, en me regardant bizarrement puis en s'éloignant en chuchotant à peine, en respectant le grand calme que j'étais venue trouver là, ce long silence des morts.
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