samedi 15 juin 2013

pendant que tu m'attends

Ordinairement, c'est l'usage du temps qui définit la disponibilité : mon temps est disponible (ou je suis disponible à tel moment) si je n'ai pas encore prévu l'usage de ce temps, si je peux encore l'utiliser pour telle ou telle occupation. C'est le temps lui-même qui me semble disponible pour mes actions, et non pas moi qui suis disponible pour le temps. Pour le flâneur, c'est l'inverse : il se rend étrangement disponible pour le temps parce qu'il a renoncé à l'utiliser. Une telle disponibilité n'est pas une simple attente ni une passivité. On ne doit pas seulement "faire passer le temps", il faut encore "l'inviter chez soi" (einladen). On doit "se charger du temps" (laden).
Mais que signifie "se charger du temps" s'il n'est rien, s'il n'est que la mesure relative d'un mouvement ? Ce pourrait être : accepter de n'avoir pas de temps à soi, de ne pas s'engager dans la temporalité d'une action -ainsi est-il possible d'accueillir l'événement, de s'ouvrir à ce qui passe, à ce qui se passe et laisser les choses à leur propre temporalité, à leur rythme particulier.
Sylviane Agacinski. Le passeur de temps.
Si je continue à porter ma montre, c'est que je la trouve jolie.

1 commentaire:

  1. [...] Je vais entrer dans le Fleuve. Une expression humaine souvent entendue qu’enfin je comprends. C’est l’instant de traverser le gué, mais en face il n’y aura pas de rive, je ne peux trouver de gué que dans le fleuve, il n’existe que là. Alors je vais passer le gué. La mort met du temps, je vais descendre de notre observatoire éternel. Regarder ce n’est pas regarder d’en haut, c’est regarder à hauteur d’œil. [...]

    #LesAilesDuDésir

    RépondreSupprimer