Jadis, nos amours étaient jeunes et déjà manuscrites et nos lettres se croisaient plus souvent que nos lèvres.
Les temps modernes ont favorisé nos conversations
mais
assez
mais
assez
parlé
!!!
(embrassons-nous, maintenant)
!!!
(embrassons-nous, maintenant)
Lisbonne, 4 décembre
RépondreSupprimerChère petite,
Je continue en toute liberté. Comment va le genou? Je pourrais travailler plus d'arrache-pied, mais je ne le fais pas. Votre genou est joli, madame. Au fond, toute beauté est douloureuse. Non, ce n'est pas vraiment ça. Votre genou est joli parce que vous regarder m'émeut, et si je suis ému quand je vous regarde c'est parce que votre genou (qui l'eût cru?) est mon prétexte sentimental. Et pas seulement. Je suis allé à l'hôpital voir un type, l'après-midi qui a suivi la dernière matinée où j'étais avec vous. J'ai un tendre souvenir de cette matinée. Il y avait du soleil et nous nous sentions bien, malgré le froid. Nous nous sentions bien, malgré tout. Nous devrions nous réveiller ensemble plus souvent. Les hôpitaux sont tristes. J'ai gardé une image presque « héroïque » de vous. C'était inévitable. Une heure à attendre avec le pantalon troué et le genou en sang. Sapristi, ma petite!... Jamais personne ne m'a attendu aussi longtemps. Comme la statue équestre de D. José 1, roi du Portugal ? Je n'ai pas changé, c'est-à-dire que je rêve violemment de vous. Le dernier rêve : nous étions tous les deux dans une grande salle et, cachés derrière les meubles (ils étaient lourds et envahissaient l'espace), nous nous tirions dessus à coups de revolver. À un moment donné, le sang coulait de partout, mais nous riions à gorge déployée et nous n'étions même pas morts. À la fin, Belisa s'est endormie dans mes bras et j'ai tenté de passer mes mains dans ses cheveux, mais je ne le pouvais pas car je ne les sentais déjà plus.
L'AMOUR EST À RÉINVENTER!
Je me languis.
P.S. : Alors, on n'écrit pas?
Lettres à Belisa 1970, João César Monteiro